Assassinat de Jean Dominique : Le mutisme persistant de la Cour d’appel de Port-au-Prince et de la plus haute Cour d’Haïti
P-au-P, 03 avril 2022 [AlterPresse] — Le dossier de l’enquête sur l’assassinat de Jean Dominique, directeur de la station privée Radio Haïti Inter, et de son gardien Jean Claude Louissaint, le 3 avril 2000, est bloqué, 25 ans après le double meurtre, à la fois à la Cour d’appel et la Cour de cassation, dénonce Pierre Espérance, défenseur des droits humains.
L’ordonnance du juge Bernard Saint-Vil, rendue en 2003, a fait l’objet d’appel de la part de la partie civile, rappelle Espérance dans une interview accordée à AlterRadio/AlterPresse.
Il explique que, 11 ans plus tard, la Cour d’appel a estimé que le dossier était incomplet et un juge, Yvikel Dabresil, a été désigné pour le compléter. Le magistrat a remis son rapport le 17 janvier 2014. Et depuis, l’arrêt de la Cour d’appel est attendu en vain.
Entre-temps, l’ancienne sénatrice lavalas Mirlande Libérus Pavert, désignée « auteure intellectuelle », et 8 autres inculpés, avaient récusé toutes les compositions possibles à la Cour d’Appel de la capitale, dans un recours adressé à la Cour de cassation. Jusqu’à ce jour, cette dernière ne s’est pas prononcée, souligne Pierre Espérance.
Voilà pourquoi, s’indigne-t-il, depuis 12 ans, le processus judiciaire reste bloqué au niveau de ces deux cours.
Il en tire la conclusion que « la justice haïtienne joue un rôle majeur dans l’impunité et la corruption en Haïti ainsi que dans la gangstérisation du pays ».
Le journaliste haïtien Jean Léopold Dominique et le gardien de Radio Haïti Inter, Jean Claude Louissaint, ont été assassinés le lundi 3 avril 2000, à Delmas, sur la cour de la station privée, que Jean Dominique dirigeait depuis l’époque de la dictature des Duvalier.
Pas moins de 8 juges ont eu à traiter le dossier, dont le cheminement est parsemé de plusieurs morts.
De nombreux actes d’intimidations, y compris des tentatives d’assassinat de Michèle Montas, directrice de l’information et épouse de Jean Dominique, ont porté Radio Haïti Inter à cesser d’émettre le 21 février 2003, dans un contexte des plus difficiles qui devait culminer avec la chute en février 2004 du président Jean-Bertrand Aristide (second mandat).
Dans un éditorial du 3 avril 2002, à l’occasion du deuxième anniversaire du meurtre – éditorial dont un extrait a été diffusé ce 3 avril sur AlterRadio – Montas relevait le symbolisme de la figure de Jean Dominique, devenu désormais un « porte-drapeau » dans la longue bataille contre l’impunité et en faveur de la justice en Haïti. [gp apr 03/04/2025 15 :00]
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