Attaque au large du Ghana, « une action qui ressemble à un règlement de compte » sur fond de pêche illégale
L’incident survenu au large du Ghana contre un navire de pêche « ressemble à un règlement de compte » contre de la pêche illégale, estime le MICA Center (Maritime Information Cooperation and Awareness Center), le centre d’expertise français dédié à la sûreté maritime à compétence mondiale.
Pour le MICA Center, l’attaque contre le bateau de pêche Mengxin 1 à une vingtaine de milles au large d’Accra, au Ghana, le 27 mars, est « une action qui ressemble à un règlement de compte à l’encontre de la pêche INN », la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. Et ce, « comme cela fut certainement le cas pour le pêcheur Fayali 2 ( au large de Cotonou) », le 6 décembre 2024, dans une zone réputée sûre, comme les eaux du Ghana. Le MICA Center estime encore que la probabilité est très faible qu’il s’agisse du même groupe qui sévit à l’est du Nigeria, alors que plusieurs incidents se sont produits entre Sao Tomé, le Gabon et la Guinée équatoriale.
Selon la cellule franco-britannique MDAT-GoG (Maritime Domain Awareness for Trade – Gulf of Guinea, réunissant le MICA Center et l’UKMTO de la Royal Navy), un bateau bleu et jaune avec cinq personnes à bord suspectées d’être armées a abordé le bateau de pêche. Quatre personnes sont montées à bord du le Mengxin 1. Elles ont tiré trois coups semonces en l’air en ordonnant à l’équipage de se coucher sur le pont. Quatre hommes étaient masqués, selon un témoignage. Un cinquième homme, non masqué, tenait deux fusils, vraisemblablement des armes automatiques AK47, tandis que deux autres avaient des pistolets. Les assaillants ont été entendus parlant le pidgin du Nigeria.
Trois membres d’équipage de nationalité chinoise, dont le capitaine et le chef mécanicien, auraient alors été enlevés. La marine ghanéenne avait ouvert une enquête sur cette « attaque présumée de pirates », tandis que le bateau avait gagné le port de Tema. Mais, par la suite, la Chine a déclaré que tout l’équipage était sauf.
Recrudescence des attaques
C’est le quatrième incident en haute mer dans le golfe de Guinée en moins de deux mois. Le 31 janvier, trois pêcheurs de l’Amerger 7, dont le capitaine et le chef mécanicien, avaient été enlevés à seulement 15 milles de Libreville, capitale du Gabon, près de la pointe de Ngombé. Ils ont été libérés 19 jours plus tard. Au lendemain de l’attaque de l’Amerger 7, le 1er février, des pirates avaient, cette fois, attaqué le cargo JSP Vento en début de nuit au large de Bata, en Guinée équatoriale. Mais les assaillants ne sont pas parvenus à pénétrer en citadelle pour enlever l’équipage qui avait donné l’alerte. Enfin, le 17 mars, dix marins (sept Indiens et trois Roumains) ont été kidnappés sur le bitumier Bitu River qui faisait route entre le Togo et le Cameroun et se trouvait à proximité de l’île de Principe. Toutefois, ces trois précédentes attaques étaient localisées dans le sud du golfe de Guinée, entre la Guinée équatoriale, Sao Tomé-et-Principe et le Gabon. Rares sont les attaques de pirateries se produisant à proximité du Ghana, situé au nord-ouest du golfe de Guinée. La dernière répertoriée remonte au 19 mai 2021, lorsqu’un autre bateau de pêche, l’Atlantic Princess, avait été pris pour cible et cinq pêcheurs enlevés.
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