Au Bénin : de nouvelles mesures pour réglementer le secteur funéraire

Selon le rapport de
l’Agence béninoise pour l’environnement (Abe) suite à l’inspection, en 2022,
des morgues du Grand Nokoué –recouvrant les communes de Cotonou, Porto-Novo,
Abomey-Calavi et Sèmè-Podji–, « 93%
des morgues inspectées sont construites en agglomération »
. Par
ailleurs, alors que « la capacité
d’accueil totale des morgues du Grand Nokoué est de 769 corps »,
l’Abe
y recensait, en 2022, 1935 corps « soit un
taux de 252% de morgues saturées »
.

Pire, le rapport
indiquait qu’ « il existe un
grand nombre de corps abandonnés s’élevant jusqu’à 1476 dans ces morgues »

entendu que « 29% de ces morgues
dégagent d’odeur nauséabonde »
. La défaillance de ces
institutions résulte semble-t-il, entre autres, de la situation des corps
abandonnés, un manque à gagner. « Non
seulement la présence de ces corps réduit notre capacité d’accueil, mais elle
constitue aussi une perte pour l’institution, ce qui en retarde le
perfectionnement »
confie une source proche d’un funérarium du Grand
Nokoué.

La situation n’est pas
meilleure dans les autres régions du pays. En avril 2024, le procureur de la
République près le tribunal de première instance de Natitingou (Nord-Bénin)
donnait un délai de dix jours aux familles dont les corps de parents décédés
étaient abandonnés dans les morgues de l’Hôpital Saint Jean de Dieu de
Tanguiéta et l’Hôpital de la mère et de l’enfant de l’Ordre de Malte de Djougou
pour aller les retirer et inhumer. Au bout du délai, certaines familles n’ayant
guère réagi, le procureur a dû ordonner l’inhumation commune desdits corps. 

« Réorganiser
le secteur funéraire »

Ce tableau du secteur
funéraire au Bénin révèle selon Edouard Ouin-Ouro, secrétaire général du Gouvernement
de « graves lacunes »
auxquels veut remédier l’exécutif béninois qui annonçait, le 19 juin,
l’adoption d’un décret visant, à « réorganiser
le secteur en le mettant aux normes et standards requis en matière de santé,
d’hygiène, d’assainissement et d’environnement »
.

Ce décret apporte de nouvelles normes techniques, sanitaires et
environnementales applicables à la création, la gestion des pompes funèbres,
des funéraniums, des crématoriums et des cimetières, un secteur régi
jusqu’alors par une loi vieille de 29 ans. Concrètement, le texte « prévoit
les qualifications minimales requises pour opérer dans ce domaine et les
sanctions encourues par les contrevenants aux règles édictées »
.

Plus
tôt, en juillet 2023, l’État béninois lançait une étude de faisabilité et de
dimensionnement d’un projet visant à « construire
un centre funéraire, un crématorium, une morgue avec pour but de moderniser la
prise en charge des défunts jusqu’à leur dernière demeure »
. De
même, l’exécutif annonçait la création d’une école de formation en
thanatopraxie pour disposer, à moyen terme, du personnel qualifié pour délivrer
les soins de conservation de dépouilles mortelles.

« Les
cimetières souvent abandonnés à la brousse »

Deux autres problèmes que
les Béninois espèrent que le décret que vient d’adopter l’État béninois
résolve, ce sont l’insalubrité constatée dans les cimetières et les
profanations de tombes qui s’y produisent parfois. Le père Maurice Gbatodonou
s’étonne qu’ « en une Afrique où
l’on croit fermement que les morts ne sont pas morts, les cimetières
soient souvent abandonnés à la brousse et qu’on ne s’en souvienne qu’au mois de
novembre ».

Selon les dispositions du
nouveau décret, l’entretien des cimetières est confié aux communes. Cependant,
le père Gbatodonou estime qu’au sein de l’Église, peuvent émerger des
initiatives d’action catholique visant à appuyer les communes dans cette œuvre
de salubrité. Pour conforter son propos, il évoque l’exemple de Mgr
Isidore de Souza qui avait initié l’Association nationale
de l’entretien des cimetières (Anec). « Mgr
Isidore de Souza a lutté pendant longtemps pour que le cimetière PK 14 –
l’un
des grands cimetières de Cotonou Ndlr–
soit toujours propre »
témoigne ce prêtre du diocèse de Porto-Novo, la
capitale.

L’aspect broussailleux de
certains cimetières, dont celui de Grand-Popo (Sud-ouest) par exemple, favorise
les profanations de tombes par des indélicats parfois appréhendés et jugés.
Selon Ezéchiel Sossou, gardien au cimetière de Lokossa, « c’est la possibilité de visites au cimetière à des heures
tardives qui favorise cette situation »
, ce qui est heureusement
interdit à Lokossa depuis deux ans.

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