C’est à 20 ans
que Georges Gambadatoun s’est découvert une préférence particulière pour les voyages sur de
longues distances à vélo ou à moto, en bus ou en train. « Ma première expérience remonte à janvier 2014 où j’ai participé
à la caravane Cotonou-Dakar organisée par le gouvernement burkinabè en
partenariat avec le Réseau des organisations de jeunes africains leaders des
nations unies (Rojalnu) », se souvient-il.
En août 2023, profitant
de son mois de congés à Lagos où il était responsable de la Bibliothèque de
l’Institut Goethe, il enfourche à partir de Cotonou sa moto Varadero 125 –un trail
routier– en direction de Monrovia au Libéria, à quelque deux milliers de
kilomètres de Cotonou. Cette fois-ci, en compagnie d’amis partageant la
même passion, l’objectif est double : effectuer une randonnée, mais aussi
effectuer des arrêts programmés au cours desquels, avec des groupes d’enfants,
jeunes et adultes, faire des lectures interactives.
C’est ainsi qu’à Cape
Coast au Ghana, « autour d’un feu de
bois à la plage, avec de jeunes écrivains, nous avons lu leurs
œuvres ». Sur le chemin, le groupe effectue d’autres arrêts pour des
activités similaires avec des groupes d’enfants. C’était la première édition du Reading Ride, un festival du livre itinérant visant à « combiner l’amour pour les voyages par
la route et la passion littéraire », avec pour support des œuvres de
jeunes auteurs africains.
« Il
y a 37 ans, Thomas Sankara était assassiné à 37 ans »
La deuxième édition du
festival Reading Ride s’ouvrira à Lagos (la capitale économique du
Nigéria) le 18 mai et aura une teneur essentiellement mémorielle. « Il y a 37 ans, en effet, Thomas
Sankara, était assassiné à l’âge de 37 ans », fait remarquer Gambadatoun. Selon
lui, « Thomas Sankara est l’une des
figures de proue de la lutte pour une décolonisation de l’Afrique et
l’avènement d’un nouveau rapport entre le continent et le reste du monde ».
Président
du Burkina Faso de 1983 à 1987, surnommé ‘‘le Che
Guevara’’ africain, Thomas Sankara a été assassiné le 21 décembre 1987 à Ouagadougou. Son successeur à la tête de l’Etat burkinabè Blaise Compaoré a été jugé par contumace en 2022 pour cet assassinat.
Pour honorer la mémoire
du personnage, le Reading Ride a choisi comme livre principal une
pièce théâtrale titrée Sankara écrite
par Jude Idada et traduite de l’anglais en français par Georges Gambadatoun,
l’initiateur du festival. « Cette
pièce nous donne l’occasion de revivre les cent dernières heures de Thomas
Sankara, de nous souvenir de ce meneur qui reste un bel exemple du sens de
sacrifice pour l’Afrique », explique-t-il.
Hormis cette pièce dont
la lecture scénique sera faite dans chacune des capitales africaines ciblées pour héberger des étapes
du festival – Lagos, Cotonou, Lomé, Accra, Abidjan, Monrovia, Dakar,
Ouagadougou – figurent également au programme des sessions interactives
de lecture de livres et des conversations littéraires. Ce sera aussi l’occasion
de « mobiliser des œuvres
littéraires au profit du centre Thomas Sankara du Burkina Faso ».
« Le
livre, vecteur de la libéralisation du savoir »
Pendant qu’il prépare
cette randonnée autour de livres, Georges Gambadatoun se désole du désintérêt
pour les livres et les activités y afférentes qui s’observe en Afrique en
général et au Bénin en particulier. Or, estime-t-il, « le livre est un vecteur de libéralisation du savoir »
dont chaque citoyen devrait profiter. « La
pratique de la lecture, ajoute-t-il, garantit
une jeunesse capable, dont les réflexions ont des références ». Que faire alors ?
Aux yeux de Gambadatoun,
la passion de la lecture peut se communiquer par les parents aux enfants. Pour
ce faire, il propose, par exemple, que « chaque
parent africain s’engage à lire chaque jour pendant quelques minutes
avec son enfant ». Par ailleurs, assure-t-il, « si l’Église catholique veut s’engager avec nous, nous pourrions
travailler à créer des bibliothèques dans chaque paroisse et y animer des
activités de jeunesse autour du livre ».
Crédit: Lien source
Les commentaires sont fermés.