Au Burkina Faso, des journalistes dénoncent des «atteintes à la liberté d’expression jamais égalées»
Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré par un coup d’État en septembre 2022, de nombreux cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire ont été rapportés.
L’association des journalistes du Burkina Faso (AJB) a dénoncé des atteintes à la liberté d’expression et à la liberté de la presse «jamais égalées», depuis l’arrivée au pouvoir par un coup d’État d’une junte militaire en septembre 2022, dans des déclarations transmises dimanche à l’AFP.
Le président de l’AJB, Guézouma Sanogo, a dénoncé une «totale mainmise» de la junte «sur les médias publics, dont la RTB (Radio-télédiffusion du Burkina) et l’AIB (Agence d’information du Burkina) sont devenus les deux outils principaux de propagande». En outre, «le pouvoir a expulsé tous les médias indépendants et manoeuvre pour fermer les médias indépendants au plan national», a-t-il dit.
Le pouvoir militaire a suspendu l’accès ou la diffusion de plusieurs médias, notamment étrangers, accusés de freiner ses efforts pour reconquérir le territoire face aux violences des jihadistes qui minent le pays. «Une autre caractéristique de la haine et de la diabolisation des médias se traduit par les enlèvements et les séquestrations de journalistes et chroniqueurs», a poursuivi M. Sanogo.
Des enlèvements de journalistes
Selon Phil Roland Zongo, membre de l’AJB, «en 2024, au moins trois journalistes et quatre chroniqueurs des médias ont été enlevés dont certains sont toujours portés disparus: il s’agit de Atiana Serges Oulon, Bienvenu Apiou, James Dembelé, Mamadou Ali Compaoré, Kalifa Seré, Adama Bayala et Alain Traoré dit Alain Allain».
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé le sort de ces journalistes en fin d’année dernière. «D’autres sont poussés à l’exil, craignant pour leur sécurité», a ajouté M. Zongo, appelant à leur libération. «Ces atteintes à la liberté d’expression et de presse constatées ont atteint un niveau jamais égalé», a affirmé Guézouma Sanogo.
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Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré par un coup d’État en septembre 2022, de nombreux cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire ont été rapportés à Ouagadougou et dans d’autres localités du pays.
Cette semaine, le mouvement politique Sens (Servir et non se servir) a fait état de l’enlèvement de cinq de ses membres, dont un journaliste, après que l’organisation a dénoncé des massacres de civils attribués à l’armée burkinabè et à ses supplétifs, sous couvert de la lutte antijihadiste.
Depuis 10 ans, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences jihadistes qui ont fait plus de 26.000 morts, civils et militaires, selon l’ONG Acled qui recense les victimes de conflits.
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