Au Burkina Faso, la mission de religieuses auprès d’orphelins complexifiée par la situation sécuritaire

« Nous
vivons une situation sécuritaire très difficile,
car
le pays est en situation de guerre depuis plusieurs années. »
Directrice du Centre d’accueil des enfants en détresse (Caed) Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus de Loumbila, à 18 kilomètres de Ouagadougou (Burkina Faso), sœur Cécile Dah affronte au quotidien les conséquences des attaques terroristes qui touchent son pays.

En effet, si le nombre d’enfants accueillis reste stable – autour d’une cinquantaine – la situation sécuritaire impact directement les ressources du centre

« Notre
pays a été affiché à l’international comme une zone rouge, donc difficile
d’accès »
, indique la religieuse, et par conséquent le centre ne reçoit plus la visite de touristes internationaux. Ainsi, non seulement les aides ont
baissé, mais aussi et surtout les partenaires extérieurs sont réticents à se rendre sur place.

« Certains
donateurs justifient leur non-financement par le fait qu’ils sont très
sollicités, tandis que d’autres évoquent le fait que notre pays étant en quête
de paix et de stabilité, ils ne peuvent pas soutenir nos projets
 »,
détaille la sœur Dah. Selon elle,« c’est parce que des personnes
venaient voir la réalité sur place que certains acceptaient de soutenir le
centre ».

Plus de 600 enfants accompagnés

« Ce
manque est devenu criant »
car, au niveau national, « les
efforts d’urgence doivent se partager entre la sécurité, les déplacés internes,
et les orphelins et veuves des soldats tombés au front »
: autant de nouveaux défis auxquels font face désormais ceux qui
accompagnaient le centre. Pour combler ce manque à gagner, le centre tente de développer
des activités génératrices de revenus. Mais, relève la sœur directrice, « les rentrées sont de plus en plus en baisse ». C’est une
conséquence « logique » de la situation sécuritaire, selon elle, puisque
la clientèle ne peut plus se
déplacer comme auparavant.  

Nonobstant
les difficultés auxquelles le Caed est
confronté, sa directrice se veut rassurante et souligne sa gratitude pour les soutiens
multiformes manifestés en faveur des bénéficiaires : « depuis la
création du centre en 1995, nous avons bénéficié de soutiens venant de
particuliers, d’associations et de l’État ; cela nous a permis d’accompagner
plus de 600 enfants ».
Respectivement âgés de 36 ans et de 28
ans aujourd’hui, Mathieu Compaoré et de Richard Nikiéma ont été
pensionnaires du centre qui se veulent « éternellement
reconnaissants »
envers les Sœurs.

« Chez les sœurs, j’ai retrouvé l’amour d’une mère »

Richard,
devenu entrepreneur dans l’immobilier et la restauration, se rappelle
encore de ce moment « spécial ». Pour lui, « le
Caed des sœurs a été un cadeau inestimable »
car, dit-il tout ému, « avoir
l’amour d’une mère quand on est orphelin est le plus grand cadeau qu’on puisse
recevoir : cet amour, je l’ai retrouvé avec les sœurs »
. Quant à
Mathieu, accueilli au centre avec son petit frère en 2005, il reconnaît avoir été façonné par « les
valeurs reçues et apprises dans ce cadre éducatif ». « En pleine
adolescence, j’étais en quête d’apprentissage et de stabilité morale et
psychologique ;
le centre m’a offert tout
cela »
, se souvient-il encore.

Le
Caed de Loumbila veut d’ailleurs poursuivre sa mission et donner plus de chance de réussite aux enfants grâce à « la construction d’un
collège pour les plus nécessiteux ».
En outre,
même si elles ont « aidé certains à s’intégrer dans la
société »
grâce à des formations techniques, « l’un des projets les plus
pressants »
pour
les religieuses est « la construction d’un centre de formation
professionnelle, d’une part, pour ceux qui sont plus aptes à la technique
, et,
d’autre part, pour ceux qui n’ont pas les capacités d’aller jusqu’au bout des
études secondaires »
.

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