Il a fallu d’une phrase pour que le courroux du régime d’Ibrahim Traoré s’abatte contre la presse burkinabée, dans un pays où la liberté d’expression est devenue quasiment inexistante. Vendredi 21 mars, lors d’un congrès extraordinaire de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), à Ouagadougou, son président, Gézouma Sanogo, a publiquement critiqué les militaires au pouvoir.
Déplorant des « atteintes aux libertés d’expression et de la presse [ayant] atteint un niveau jamais égalé » dans le pays, il a aussi dénoncé leur « totale mainmise sur les médias publics, dont la RTB et l’AIB [la Radiodiffusion-Télévision du Burkina et l’Agence d’information du Burkina] sont devenus les deux principaux outils de propagande ».
La sanction n’a pas tardé à tomber. Trois jours plus tard, lundi 24 mars, aux alentours de 10 heures, Guézouma Sanogo a été arrêté au Centre national de presse Norbert-Zongo, dans la capitale, par des individus se présentant comme des agents des services de renseignement.
Boukari Ouoba, vice-président de l’AJB et rédacteur en chef du journal d’investigation Le Reporter, a également été embarqué par ces hommes. Puis, dans l’après-midi, ce fut au tour de Luc Pagbelguem, reporter pour la chaîne de télévision privée BF1, d’être arrêté à sa rédaction. Son tort ? Etre l’auteur d’un reportage sur le congrès et d’avoir relayé les propos de M. Sanogo.
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