Au Burkina Faso, un nouvel « enlèvement » suscite l’effroi – DW – 19/03/2025

Idrissa Barry s’était exprimé, en début de semaine, sur les massacres de civils peuls à Solenzo, dans l’ouest du Burkina Faso. Massacres pour lesquels l’armée burkinabè et les Volontaires pour la défense de la patrie sont mis en cause.

Selon le mouvement « Sens », Idrissa Barry aurait été enlevé le 18 mars, en plein jour et alors qu’il était en visite officielle dans une mairie.

Le mouvement d’Idrissa Barry a tout de suite publié un communiqué pour exprimer son indignation et son inquiétude face à ce nouvel enlèvement au Burkina Faso. Il réclame la libération immédiate et sans condition de son coordinateur.

Almany KJ est un artiste musicien burkinabè en exil. Récemment, il a sortie une chanson critiquant le pouvoir burkinabè. Sa réaction au sujet de cette nouvelle disparition est sans appel.

Écoutez ou lisez ci-dessous l’interview avec Almany KJ.

 

Almany KJ : C’est encore toujours la désolation. Pas de savoir que le Burkina Faso d’aujourd’hui est devenu une jungle parce que personne ne peut s’exprimer en dehors de dire vive Traoré, vive la junte.

C’est regrettable. Tous ceux qui osent dire mots sont enlevés et châtiés selon les humeurs du roi, de l’empereur, Ibrahim Traoré.

DW : Est-ce que vous avez l’impression que là la situation se durcit de plus en plus ? Malheureusement, c’est loin d’être le premier enlèvement.

Almany KJ : Oui, les choses sont de plus en plus difficiles. Des gens qui sont venus pour régler une situation sécuritaire, aujourd’hui, leur règne se limite à terroriser les Burkinabè.

Ça veut dire que la lutte contre le terrorisme n’est plus une priorité, des gens de la société civile sont enlevés et séquestrés, des éléments des partis politiques sont enlevés et séquestrés, des citoyens lambda sont enlevés et séquestrés.

« Le terrorisme ne saurait justifier le pouvoir à vie »

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Et aujourd’hui, comme je l’ai dit dans ma récente chanson,  Traoré qui disait qu’il ne prend pas son salaire, mais il a mis notre économie à terre.

Aujourd’hui au Burkina Faso, manger deux fois par jour, c’est un luxe. À tous les niveaux, les choses sont difficiles. Donc la priorité, c’est clair, c’est comment s’accaparer des richesses du pouvoir, comment malmener les masses à leur guise. Le peuple burkinabè est un peuple héroïque mais c’est fort regrettable ce qu’est devenu le Burkina Faso aujourd’hui.

DW : Que dites vous à ceux qui pensent que le pouvoir est toujours dans sa stratégie ?

Almany KJ : Le terrorisme ne saurait justifier le pouvoir à vie. Toutes ces exécutions sommaires, extrajudiciaires, ce sont des moyens pour le pouvoir, pour s’éterniser. Et tout le monde aujourd’hui s’est rendu compte que c’est une stratégie : maintenir les gens dans la guerre, s’enrichir dans la guerre, faire en sorte que la guerre ne finisse pas pour mourir au pouvoir. 

Quand on parle d’exécution sommaire, les exactions de Solenzo sur les peuls, ce n’est pas la première, il y a eu Banga, il y a eu Karma, il y a eu Zango, il y en a eu tellement, il y a eu Nouna, comme je l’ai dit dans ma chanson, c’est Ibrahim l’empereur.L’empereur a atteint son summum, c’est de dire aux gens de rester assez vigilant, mais de ne jamais abdiquer parce que plus on abdique, plus on reste silencieux, on donne de la force au tyran.

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