« Un chef n’est qu’un chef, pas plus, pas moins ! Dieu seul est Dieu ! » Fin mai dernier, Mgr Paul Lontsie Keune, évêque de Bafoussam au Cameroun, disait son agacement devant l’attitude de certains chefs traditionnels de cette région de l’ouest camerounais lors de célébrations catholiques. Particulièrement en cause : les ‘parades’ – rites traditionnels d’accueil des chefs – tenues au cours des funérailles catholiques.
« À plus de quatre reprises, des célébrations eucharistiques ont été interrompues pour que des chefs fassent une parade », rapporte ainsi le père André Marie Kegne, curé dans le diocèse. Et de tacler : « lorsque les représentants de l’Église sont invités à des obsèques, ils ne font pas irruption comme cela ». Pour lui, « l’évêque a simplement pris ses responsabilités qui ne sortent pas du cadre de sa mission : il est le garant du culte divin dans son diocèse ».
À l’inverse, les rois traditionnels de l’ouest du Cameroun se sont pour leur part dit
« scandalisés » par les mots « incendiaires et irrévérencieux » de Mgr Paul Lontsie Keune, dans une lettre ouverte qu’ils lui ont adressée. « Tout laisse à croire que l’Église catholique et les chefferies traditionnelles sont dans un champ de bataille, où l’Église a tendance à s’approprier Dieu et l’administration camerounaise pour mieux écraser les chefferies traditionnelles », critique la quinzaine de signataires de ce document de trois pages.
« Il n’y a pas et il n’y aura jamais de guerre entre l’Église et
les chefferies traditionnelles »
Face à cette
lettre ouverte des chefs traditionnels, les prêtres du
diocèse de Bafoussam ont choisi de répondre par une « Mise au point catéchétique ».
Dans son introduction, le document de seize pages opte pour un apaisement et un
rappel des relations historiques cordiales entre l’Église catholique et les
chefferies traditionnelles. « Il n’y a pas et il n’y aura jamais de guerre
entre l’Église et les chefferies traditionnelles, affirment les prêtres. Comme Africains, nous respectons les chefferies traditionnelles et les personnes qui
les incarnent légitimement. Nos chefs sont des symboles et des repères de notre
culture », poursuivent-ils.
Après ces propos apaisants, l’Association des clercs incardinés à Bafoussam (Acib) reprécise la valeur de la messe pour l’Église catholique. « La sainte messe est l’acte cultuel et
public le plus sacré et le plus précieux de l’Église catholique [et] dont la
célébration ne peut être ni interrompue ni perturbée par la volonté d’un
mortel. » « Plus qu’un
simple moment de célébration religieuse, la messe ou l’Eucharistie, pour nous
les catholiques, est un moment de communion profonde avec Dieu », insistent les prêtres.
Cette mise au
point des prêtres de Bafoussam signée le 8 juillet, a été présentée et expliquée deux jours plus tard, lors d’une conférence
à la cathédrale de Baleng. Le lendemain
de la conférence, le gouverneur de la région de l’ouest a réuni dans ses
services l’évêque de Bafoussam et les représentants des chefs traditionnels
pour mettre un terme aux tensions.
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