Devant ses partisans convaincus par les 19 mois de transition au Gabon, le président-candidat Brice Oligui Nguema a promis samedi « une victoire historique » et défendu son bilan en lançant sa campagne pour les élections du 12 avril.
A son entrée dans un stade de la banlieue de Libreville, entourée de sa femme et ses enfants, l’ancien chef de la garde républicaine qui a mis fin par un coup d’Etat en août 2023 à 55 ans de règne des Bongo fait le tour de la pelouse. Il lance un salut militaire, imite le geste de l’éclair de l’athlète Usain Bolt en direction de la foule.
Quand il prend la parole, il martèle son slogan inspiré de ses initiales complètes -C.B.O.N.- omniprésentes sur les t-shirts et casquettes.
« C’est bon pour une victoire historique au soir du 12 avril », lance-t-il devant un public captivé par le ton martial de celui qui a troqué son uniforme de général pour une chemise en pagne bariolé bleu et blanc orné de son propre visage.
« Ce projet de société, bâtissant l’édifice nouveau, inclusif et durable, pour notre essor vers la félicité, se propose de transformer en profondeur notre pays, en capitalisant les acquis récents de la transition », ajoute-t-il.
Son meeting marquait le début de la campagne officielle alors que les Gabonais sont appelés aux urnes le 12 avril prochain pour élire leur futur président et entériner la fin de la transition.
Bus, taxis et bennes des pick-ups ont été mobilisés pour convoyer des milliers de leurs adhérents depuis les quatre coins de la capitale dès la fin de matinée, paralysant une partie de la circulation du nord de Libreville.
« Je pense que Brice Oligui Nguema c’est vraiment l’homme de la situation que le Gabon a trouvé », assène Paulin Nsomo, un ingénieur retraité membre de La pensée patriotique, une association devenue parti politique dont le président d’honneur n’est autre que le président Oligui.
Comme toutes les personnes rassemblées ce samedi après-midi en pleine saison des pluies, il arbore un t-shirt, une casquette imprimée des initiales C.B.O.N. et le portrait du candidat distribués dans les gradins.
« Pays en chantier »
Alors que Brice Oligui Nguema avait promis de rendre le pouvoir au civil après deux ans de transition, le nouveau code électoral, voté en janvier, a permis au général d’effectuer une « mise à disposition temporaire » de son rôle de militaire pour pouvoir briguer un mandat de sept ans.
Réunion de campagne du président de transition du Gabon, Brice Oligui Nguema, au stade de l’Amitié à Libreville, le 29 mars 2025, en prévision de l’élection présidentielle du 12 avril / Nao Mukadi / AFP
Il a décliné dans une conférence de presse mercredi ses premiers arguments de campagne, se posant en faveur d’un « virage libéral » et « d’une stratégie de reconquête de (la) souveraineté industrielle » du Gabon. Il a aussi promis de donner la priorité à la « rénovation urbaine » et la création d’un « minimum jeunesse ».
Avant même la campagne officielle, il a multiplié les déplacements sur le terrain pour inaugurer des routes, lancer des chantiers ou assister à des messes.
Face aux sept autres candidats, dont Alain-Claude Bilie By Nze, ancien Premier ministre du président déchu Ali Bongo, le président de la transition avance devant ses partisans au meeting de samedi son bilan d’« un pays en chantier ».
« Les routes, les hôpitaux, les écoles, les lycées qui sont en train de pleuvoir de partout: tous les actes qu’il a posés sont visibles », insiste Juste Parfait Moubamba, dit « Bung Pinz », 44 ans, un activiste pourfendeur du régime Bongo, nommé conseiller du ministre de la Culture au lendemain du coup d’Etat.
Pour lui, le soutien apporté au général putschiste par des membres du Parti démocratique gabonais (PDG) fondé par Omar Bongo, puis dirigé par son fils Ali, « ce n’est pas un inconvénient ».
« Ils ne sont pas forcément tous mauvais, c’est la tête qui était mauvaise », affirme t-il.
« Il a apporté le changement. On l’a constaté en un an et demi, il a fait ce que les autres n’ont pas pu faire en 50 ans », souligne Karen Minkoué, 49 ans, enseignante.
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