Le parlement du Ghana a adopté un projet de loi renforçant l’arsenal législatif contre l’homosexualité et qui menace plus largement toutes les personnes queers.
Nouvelle offensive législative anti-LGBT en Afrique. Après l’Ouganda en 2023, le parlement du Ghana a adopté ce mercredi 28 février un projet de loi durcissant la répression de l’homosexualité, intitulé « Promotion des droits sexuels convenables et des valeurs familiales ghanéennes ». Dans ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, les relations homosexuelles sont déjà interdites par la législation héritée de l’ère coloniale. Mais si des arrestations ont été recensées, personne n’a jamais été condamné pour ce motif. La nouvelle loi réprime explicitement les rapports homosexuels en les rendant passibles de deux mois à trois ans de prison.
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Le texte pénalise également le militantisme puisque les personnes impliquée dans la « promotion » ou la « défense » de l’homosexualité pourraient être condamnées à des peines particulièrement lourdes : de cinq à dix ans de détention. Le texte prévoit également une obligation de dénoncer les « suspects », et détaille même la liste des personnes visées, sous l’acronyme « LGBTTQQIAAP+ » : « Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, transsexuels, queers, en questionnement, alliés, pansexuels, intersexes, anormaux biologiques » (sic, sic, sic, sic…).
L’homosexualité de plus en plus criminalisée en Afrique
Cette loi anti-queer, initialement déposé devant le Parlement en 2021, a été soutenue dans ce pays très religieux par une coalition formée de chrétiens (majoritaires), de musulmans et de chefs traditionnels. Pour entrer en vigueur, elle doit encore être promulguée par le président Nana Akufo-Addo. Celui-ci, qui doit quitter le pouvoir en décembre après deux mandats, pourrait choisir de ne pas le faire afin de ne pas ternir un peu plus son image devant la communauté internationale, opposée à cette nouvelle législation.
« Le projet de loi est contraire à la Constitution du Ghana et aux obligations et engagements régionaux et internationaux librement contractés en matière de droits humains », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits humains, Volker Türk. « L’adoption de ce projet de loi marginalisera et mettra encore plus en danger les personnes LGBT+ au Ghana, alerte Alex Donkor, directeur de l’associations Rights Ghana. Non seulement il légalise la discrimination, mais il favorise également un environnement de peur et de persécution. »
En Afrique, 31 pays sur 54 disposent de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité, recense l’Ilga-world, association internationale de défense des droits LGBTQI+. Ces dernières années, à travers tout le continent, on assiste à une multiplication des lois durcissant la répression anti-gay, ou des pressions en ce sens.
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Crédit photo : Michele Spatari / AFP
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