Au Ghana, vie et mort de nos déchets électroniques

C’est un sujet qui a fait le tour du monde voilà quelques années.

La tristement célèbre décharge de déchets éléctroniques d’Agbogbloshie

« La poubelle de l’occident » disait-on. Avec des images dantesques et de faciles indignations. Là où finissaient ces objets qu’on ne veut plus voir : ce smartphone antédiluvien d’il y a au moins deux ans, cette tablette obsolète, ce frigo hors d’âge ou encore ce grille-pain définitivement grillé.

Car le sort de nos déchets électroniques (e-waste en anglais), nous concerne directement : nous en avons généré 62 millions de tonnes dans le monde en 2022. De quoi remplir plus d’un million et demi de poids lourds, et de quoi faire le tour du globe si on les mettait bout à bout, pare-chocs contre pare-chocs. C’est le constat que dresse le dernier rapport du « Global E-waste Monitor » de l’ONU, qui suit ces flux. Flux qui ont augmenté de 82  % depuis 2010, à mesure que la consommation croît, alors que moins d’1/4 de ces déchets (pourtant riches en ressources) auront été collectés et recyclés dans une filière dédiée.

Alors lassées d’une telle mauvaise publicité, les autorités ghanéennes ont tout bonnement rasé cette décharge en 2021, pensant balayer le problème.

Mais l’afflux constant de nos déchets se poursuit…

Mais les mêmes causes provoquant les mêmes effets, l’afflux constant de nos déchets se poursuit et leur retraitement artisanal aussi. Cette fois la décharge s’est reformée au milieu des habitants du quartier voisin d’Old Fadama. Sur place, les milliers de travailleurs y détaillent, trient, récupèrent et revendent les déchets électroniques arrivés par conteneurs des grands ports du Nord de l’Europe et de l’Amérique. Pour notre monde de consommation c’est l’envers du décor, mais ici c’est un champ des possibles. Parfois rudes.

Une partie passera par Zongo Lane, un dédale de ruelles dans la vieille ville d’Accra, véritable caverne d’Ali Baba de l’électronique, où l’on peut retrouver à peu près n’importe quelle pièce et tout peut être réparé. D’ici, tous les appareils qui peuvent être réutilisés repartent pour une seconde vie, dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Et c’est pour leur reportage collectif Sur la route des déchets électroniques que les photojournalistes Bénédicte Kurzen et Muntaka Chasant, et le reporter d’investigation anti-corruption Anas Aremeyaw Anas, ont tous les trois reçu le 13e Prix Carmignac du photojournalisme

Avec un autre regard sur cette économie circulaire et ses acteurs, qui ont développé une expertise hors du commun, sans aucun moyen. Avec surtout des africains, observateurs engagés qui en ont soupé des reportages larmoyants. Avec un peuple qui ne manque pas de ressources : ils prennent de la rouille et en font de l’or.

A Old Fadama, les Burner Boys sont chargés de brûler la gaine des câbles pour en récupérer le cuivre
A Old Fadama, les Burner Boys sont chargés de brûler la gaine des câbles pour en récupérer le cuivre

© Radio France – Giv Anquetil

La décharge d'Old Fadama est pour certains une mine urbaine pleine de ressources, avec ses mineurs
La décharge d’Old Fadama est pour certains une mine urbaine pleine de ressources, avec ses mineurs

© Radio France – Giv Anquetil

Tout autour de la décharge, les pièces électriques et électroniques sont désossées et démontées pour en récupérer tout ce qui peut l'être
Tout autour de la décharge, les pièces électriques et électroniques sont désossées et démontées pour en récupérer tout ce qui peut l’être

© Radio France – Giv Anquetil

Equipe

  • Reportage : Giv Anquetil
  • Réalisation : Maria Pasquet
  • Montage : Karen Dehais
  • Traduction : Justice Baidoo

► La Fondation Carmignac et la Fondation MRO présentent l’exposition E-waste : Sur la route de nos déchets électroniques du 1er juillet au 29 septembre 2024 à la Fondation MRO (Arles). 18 rue de la Calade, 13200 Arles – France. Entrée gratuite avec le Pass Rencontres d’Arles – plein tarif 6 €

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