Publié le 17 juillet 2024
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À l’aune de leurs expériences, les oppositions africaines jouent de moins en moins de gaieté de cœur la politique de la chaise vide. Au Mali, en particulier, les politiciens savent que le boycott est une technique qui se démonétise, au fur et à mesure qu’elle est employée. L’opinion publique sait, par exemple, qu’en 2019 comme en avril dernier, les opposants au régime d’Assimi Goïta avaient choisi de ne pas participer à des rencontres, notamment dans le cadre du « dialogue national inclusif« .
La tentation de « l’absence active » est pourtant particulièrement forte, quand un régime issu d’un putsch cherche à obtenir le cliché photographique d’une réunion qui suinte la décrispation politique. En ce mois de juillet 2024, de surcroît, les partis politiques qui n’ont pas vocation à être des faire-valoir ne peuvent passer par pertes et profits les arrestations de onze anciens ministres et dirigeants de partis, le 20 juin dernier. Interpelés simultanément, ces derniers sont poursuivis en justice pour « opposition à l’exercice de l’autorité légitime ». Le premier des termes de ce chef d’accusation ne saurait être un crime, en République. Le dernier est sujet à caution, trois mois après la fin théorique de la transition malienne.
Appâts et feinte
Refusant d’apparaître comme le fossoyeur du débat citoyen, le régime a déployé un double appât, dans le marigot politicien. Il y a juste une semaine, les autorités annonçaient la levée de la suspension des activités politiques des partis et associations, contrainte imposée depuis le mois d’avril. Quelques jours plus tard, l’Autorité officiellement indépendante de gestion des élections (Aige) proposait aux partis et aux organisations de la société civile une réunion destinée à relancer, ce 15 juillet, le dialogue national.
Pour ne pas être taxés d’indifférence ou de passivité, les partis politiques regroupés au sein de la Déclaration du 31 mars ont tenu, selon leurs propres termes, à « répondre présents ». Un « devoir républicain » utilisé pour présenter une décision de « boycott des activités du cadre de concertation »…
« Présents » pour être mieux « absents »
Dans un communiqué diffusé après la participation à la rencontre, le regroupement plutôt représentatif de la classe politique malienne en a profité pour lister à nouveau ses revendications présentées comme préalables à tout dialogue : la libération de ses « onze camarades » arrêtés le 20 juin et « l’abandon pur et simple des poursuites ». Ils souhaitent également des perspectives documentées d’élections prochaines, en vue de la fin de la période de transition et donc un « retour apaisé et crédible à l’ordre constitutionnel ».
Quant à l’appât de la « suspension de la suspension » des activités politiques, il est présenté comme une condition nécessaire mais pas suffisante à un dialogue inclusif. Le régime ne saurait s’enorgueillir du renoncement à une « mesure liberticide, antidémocratique et anticonstitutionnelle ».
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