Au Mali, les cantines fermées font souffrir les enfants – DW – 10/03/2025

Au Mali, faute de financement, les repas scolaires ont été suspendus dans 400 établissements des régions du nord et du centre, en proie à un conflit entre l’Etat et les groupes djihadistes ou séparatistes. Un arrêt qui risque de freiner les progrès en matière d’éducation ou encore d’aggraver la sécurité alimentaire dans ces écoles.

Les organisations humanitaires alertent sur la nécessité de financer ce secteur afin de permettre à des dizaines de milliers d’enfants de continuer de bénéficier d’une alimentation saine et d’une éducation de qualité.  

Les filles sont les plus touchées

Ce sont environ 112.000 élèves, majoritairement des filles, qui seront affectés par cette interruption des repas scolaires dans 60% des établissements tirant profit du soutien du Centre national des cantines scolaires et du Programme alimentaire mondial.

Ceux-ci sollicitent un appui de plus de 17 millions de dollars, soit un peu plus de dix milliards de francs CFA, pour relancer ce programme qui a permis, selon les chiffres officiels, de maintenir 98% d’élèves dans 700 établissements à travers tout le pays.  

Dramane Traoré est le président du comité de gestion scolaire de l’école de Sarkala, située à trois kilomètres de la ville de Markala, dans le centre du Mali. Un établissement qui compte 239 élèves qui bénéficiaient tous des repas scolaires.

Pour ce responsable, la mesure suspensive du Centre national des cantines scolaires et du Programme alimentaire mondial aura de lourdes conséquences pour ces élèves :

« Les enfants quittent les villages environnants, soit trois à quatre villages, tous distants d’au moins dix kilomètres, pour rejoindre notre école. Le fait de passer la journée à l’école est une bonne chose pour eux. Parce que partir à la maison à midi et revenir quelques heures plus tard pour les cours du soir, ce n’est pas donné à tous, compte tenu de la distance. »

Il poursuit : « La suspension des repas scolaires ne sera pas sans conséquence pour nous. Avant, beaucoup d’enfants boudaient les salles de classe avec le seul prétexte qu’il n’y avait pas de nourriture sur place. On risquerait d’assister à un abandon scolaire de masse. Il y a le fleuve qui sépare notre établissement de certains villages. Il est difficile de demander aux écoliers de faire la traversée du fleuve aller et retour en l’espace de deux, trois heures. Ce qui constitue un casse-tête ».

L’entraide comme alternative

L’école fondamentale de TSF, un quartier de Bamako, avec un effectif de près de 600 élèves, ne bénéficie pas des repas scolaires à midi.

Mais pour Boubacar Coulibaly, directeur du second cycle de l’établissement, cette suspension pourrait favoriser le retour aux anciennes pratiques dans les villages :

« Deux ou trois familles peuvent s’associer pour prendre en charge le déjeuner de leurs enfants à l’école durant toute l’année scolaire. Souvent même, une femme accompagnait les enfants et leur préparait à manger matin, midi et soir. Le village mettait les céréales ainsi que les condiments à sa disposition. On faisait ainsi la rotation entre les femmes du village ».

Le Centre national des cantines scolaires et le Programme alimentaire mondial s’alarment de la situation alimentaire et nutritionnelle du pays, où 2,3 millions de personnes ont besoin d’une assistance immédiate. 

La suspension du programme de soutien aux écoliers en zones de conflits ne fera donc, selon les acteurs de l’éducation, qu’aggraver la situation.

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