Au Niger, des syndicats désavouent les militaires – DW – 03/03/2025

Au Niger, cette proposition des militaires  des prélèvements sur les salaires au profit du Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie (FSSP) survient après l’imposition d’un prélèvement de 10 FCFA, soit 0,015 Euro sur l’achat de crédit téléphonique et les souscriptions aux forfaits internet chez les opérateurs de téléphonie mobile.

À l’unisson, le syndicat des enseignants et celui de la santé, affiliés à la Confédération démocratique des travailleurs du Niger rejettent cette proposition des autorités. 

Les deux organisations syndicales estiment avoir déjà consenti trop de sacrifices et dénoncent une dégradation continue des conditions de vie des travailleurs depuis l’arrivée des militaires au pouvoir le 26 juillet 2023. 

Face à face à Niamey en 2013 entre enseignants grévistes et forces de l'ordre
Grève des enseignants à Niamey en 2013Face á face à NiFImage : DW

Selon Laouali Issoufou, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du Niger, « il n’est pas question pour les enseignants qui attendent une amélioration de leurs conditions de vie, de leurs conditions de travail, qu’on leur demande encore de concéder une quelconque ponction sur leurs salaires ».

Cherté du coût de la vie

Ce refus des syndicats serait aussi justifié par les conséquences des sanctions imposées au Niger après le coup d’État du 26 juillet 2023 et surtout  par la hausse sans cesse du coût de la vie, selon Amadou Hassane Boubacar, enseignant chercheur à l’université Abdou Moumouni de Niamey.

Il estime que « même si la population Nigérienne a fait preuve de résilience pendant tout ce temps, aujourd’hui, de plus en plus la cherté de la vie devient insupportable au point de consentir de sacrifices de plus ».

Le Syndicat Unique de la Santé et de l’Action Sociale estime de son côté que ses membres ont déjà cotisé à hauteur de plusieurs millions a de Franc CFA, alors que la vie est toujours de plus en plus chère.

En plus, ajoute ce syndicat, les revendications pour de meilleures conditions de travail sont restées sans réponse, malgré les promesses du régime militaire.

De gauche à droite, le général Assimi Goïta, Abdourahamane Tiani et la Capitaine Ibrahim Traoré à Niamey, le 6 juillet 2024
Les trois dirigeants de l’AES à NiameyImage : Mahamadou Hamidou/REUTERS

« Le SUSAS à travers la CDTN a bel et bien cotisé à hauteur, si j’ai une bonne mémoire de huit (8) millions de FCFA. Donc en aucun cas de  ne pas toucher à notre salaire. Depuis l’avènement du 26 juillet, le salaire est resté tel qu’il est. Tout a augmenté, et le gouvernement n’a pas pris des dispositions pour empêcher à ses commerçants de ramener les prix jusqu’à la date d’aujourd’hui » soutient Soueba Mamane, membre du bureau exécutif du Syndicat Unique de la Santé et de l’Action Sociale du Niger.

Le Nigers’est inspiré du Burkina Faso et du Mali, membres comme lui de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Au Burkina Faso, les autorités militaires ont imposé un prélèvement de 5 % sur toutes les souscriptions aux forfaits (Internet et appel), contre 10 % au Mali.  Montant total collectés dans les deux pays :  75 milliards et 100 milliards FCFA selon différentes sources.

Depuis quelques semaines des voix s’élèvent au Niger pour dénoncer la mauvaise gestion du fonds de solidarité pour la sauvegarde la patrie et son audit. Beaucoup de Nigériens craignent que cette contribution volontaire au départ ne devienne obligatoire face au refus catégorique réitéré par les syndicats des travailleurs.

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