Au Niger, la junte militaire libère d’anciens ministres du régime renversé

La junte au pouvoir au Niger a libéré mardi 1er avril une cinquantaine de personnes, dont d’anciens ministres du régime renversé en 2023 par un coup d’Etat, conformément aux recommandations des assises nationales, qui ont récemment autorisé les militaires à gouverner au moins cinq ans de plus.

Outre les anciens ministres, des responsables politiques, un ex-ambassadeur, un journaliste ou encore des militaires accusés de tentatives de coup d’Etat dans les années 2010 font partie des personnes libérées. Le président renversé, Mohamed Bazoum, reste, lui, séquestré depuis le putsch.

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« Ces personnes bénéficient d’une remise en liberté, conformément aux recommandations des assises nationales pour la refondation », tenues en février, a expliqué le secrétariat général du gouvernement dans un communiqué lu à la télévision publique.

L’ancien ministre du pétrole, Mahamane Sani Issoufou, fils de l’ex-président Mahamadou Issoufou (2011-2021), qui a participé aux assises, est remis en liberté. Kalla Moutari, ancien ministre de la défense, Ahmed Djidoud, ex-ministre des finances, et Ibrahim Yacoubou, qui détenait le portefeuille de l’énergie, sont aussi libérés.

Arrêtés après le putsch de 2023

Le président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), ancien parti au pouvoir, Foumakoye Gado, ainsi que le journaliste Ousmane Toudou sont aussi sur la liste aux côtés d’Alat Mogaskia, ex-ambassadeur au Nigeria. Ils avaient été arrêtés après le putsch qui a porté le général Abdourahamane Tiani, ancien chef de la garde présidentielle, au pouvoir et étaient détenus dans différentes prisons, notamment pour « complot ayant pour but de porter atteinte à la sûreté et à l’autorité de l’Etat ».

Des charges similaires pèsent sur le président, Mohamed Bazoum, dont l’immunité a été levée sans qu’aucune date de procès ait été fixée.

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Des militaires condamnés dans le passé pour « tentative de coup d’Etat » ou « atteinte à la sûreté de l’Etat » ont également bénéficié de libérations. Parmi eux, le général Salou Souleymane, ancien chef d’état-major des armées, et trois autres officiers condamnés en 2018 jusqu’à quinze ans de prison pour avoir tenté de renverser M. Issoufou, en 2015.

Les assises nationales qui se sont tenues en février ont conforté la junte au pouvoir en autorisant le général Tiani à rester à la tête du Niger pendant les cinq prochaines années. Les partis politiques ont, en outre, été dissous.

« Pardon et réconciliation »

« Je tiens à réitérer mon engagement solennel à toujours œuvrer pour le pardon et la réconciliation entre Nigériens », avait déclaré le chef de la junte, lors de sa proclamation comme président de la République, la semaine dernière. « Le pardon et la réconciliation auxquels nous appelons ne peuvent s’opposer aux aspirations légitimes des Nigériens à la justice, les deux approches sont plutôt nécessairement conciliables », avait-il ajouté.

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Le régime militaire du Niger mène depuis son arrivée au pouvoir une politique souverainiste : il a rompu ses relations avec la France, expulsé les soldats français et américains engagés dans la lutte antidjihadiste et quitté des organisations comme la Francophonie ou la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

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En parallèle, il s’est rapproché de ses deux voisins, le Burkina Faso et le Mali, eux aussi gouvernés par des militaires putschistes et confrontés aux mêmes attaques djihadistes meurtrières depuis plus de dix ans. Ensemble, ils ont formé une confédération, l’Alliance des Etats du Sahel (AES), et se sont rapprochés de Moscou.

Les trois ministres des affaires étrangères de l’AES sont attendus à Moscou jeudi et vendredi pour des consultations avec leur homologue russe, Sergueï Lavrov. Malgré leur engagement à rétablir la sécurité, les trois régimes militaires ont du mal à endiguer les attaques djihadistes. Le 21 mars, 44 civils qui priaient dans une mosquée ont été tués dans une attaque dans le sud-ouest du Niger.

Le Monde avec AFP

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