Le massacre de civils dans la zone de Solenzo, dans l’ouest du Burkina Faso, est venu s’ajouter aux violences qui visent les membres de l’ethnie peule, accusés de composer le gros des rangs des groupes djihadistes, ou de collaborer avec eux.
« Des familles entières » de peuls ont ainsi été « massacrées », entre le 10 et le 11 mars dernier, par des soldats du 18e BiR (Bataillon d’intervention rapide) et des supplétifs civils, selon une source contactée par l’AFP.
L’ONG Human Rights Watch a demandé qu’une enquête soit ouverte. Le porte-parole du gouvernement burkinabè, Gilbert Ouédraogo, dénonce de « fausses informations visant à mettre à mal la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans notre pays ».
Suspicions infondées sur les Peuls
Fatou Yaranangoré est cofondatrice du festival Kawral pour la promotion des cultures à travers le monde. Un festival promeut le vivre-ensemble. Elle explique que les peuls vivent souvent dans des coins reculés, où se retrouvent les djihadistes. Ce qui entraîne des suspicions.
« Donc, à partir de là, les gens ont raconté sur les réseaux sociaux que tous ces problèmes, c’est à cause des peuls. Vous savez, le leader (djihadiste) connu, c’est Amadou Koufa, qui est un peul également. Soi-disant qu’il est en train de défendre la communauté peule. Mais au contraire, ça met en difficulté cette belle communauté, ce peuple qui aspire à la paix. »
La question djihadiste vient s’ajouter à des problèmes qui existent depuis des siècles : la cohabitation souvent violente entre les éleveurs peuls et les agriculteurs, qui appartiennent à d’autres ethnies.
Des initiatives contre la stigmatisation des Peuls
Mais sur place, des initiatives ont vu le jour pour lutter contre cette stigmatisation. Fatou Yaranangoré explique que les Etats travaillent pour réduire ces tensions, tandis que les communautés religieuses apportent leur contribution.
Abdoulaye Bombouya, lui-même peul et journaliste, anime depuis quelques années la radio Adunaaru, dans le nord du Bénin. Avec ses collaborateurs, il promeut le vivre-ensemble entre les différentes communautés.
« Nous essayons, indique Abdoulaye Bombouya sur la DW, à travers nos émissions, de faire comprendre à la communauté peule de tout faire pour s’adapter aux réalités actuelles et de respecter les lois du pays. Nous demandons aux autres communautés d’aider la communauté peule. Nous essayons de dire aux communautés non peules que tout ce qui est raconté n’est pas vrai. »
Dénonçant des « vidéos insoutenables », le mouvement de la société civile burkinabè Sens a estimé que « la lutte contre le terrorisme n’autorise pas tout ». « Comment peut-on justifier de telles expéditions punitives sur des populations faibles et sans défense, dont le seul crime est leur appartenance à une communauté ethnique ? », demande le mouvement Sens.
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