Au Sénégal, polémique autour de la création d’une Direction des affaires religieuses

Bassirou Diomaye Faye, élu président de la République du Sénégal au début du mois d’avril, mi-avril la création d’une Direction des affaires religieuses et de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe (composé du Bureau des affaires religieuses et du Bureau de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe), directement rattachée à la présidence de la République.

Cette décision est loin de faire l’unanimité, surtout au sein de la minorité chrétienne (moins de 5% de la population).

« C’est une remise en cause totale de la laïcité au Sénégal et vis-à-vis même de l’égalité des religions devant l’État », s’emporte par exemple Adrien Diouf, un pratiquant catholique, qui voit dans cette décision un « un acte flagrant de promotion ouverte de l’islam au détriment des autres religions ».

Une visite aux chefs musulmans

Vicaire de la paroisse Saint-François d’Assises de Keur Massar, à Dakar, le père Roger Gomis se ditlui « inquiet » de cette décision. « Pourquoi du jour au lendemain la création de ces directions logées à la présidence de la République ? Qu’est-ce qui explique ce déplacement du ministère de l’Intérieur vers la présidence ? », s’interroge-t-il.

Le père Gomis réclame « des clarifications » de la part des autorités sur « le contenu, la mission et les prérogatives de ces directions-là, pour apaiser les gens »« Quand on dit affaires religieuses, s’agit-il de toutes les confessions religieuses étant entendu que nous sommes dans un pays laïc avec une neutralité de l’État dans la vie et le fonctionnement des différentes confessions religieuses ? », relève-t-il.

Les explications des autorités sont d’autant plus impératives, selon lui, que l’annonce de la création des directions est intervenue après que le président de la République a visité quelques chefs religieux musulmans. « Même si cela n’a, peut-être, pas de lien direct, les décisions annoncées dans un tel contexte créent quelques confusions dans l’esprit des gens », regrette le prêtre. La veille de son annonce, Bassirou Diomaye Faye avait en effet effectué une visite de courtoisie auprès des khalifes généraux des confréries soufies tidiane (49% des musulmans sénégalais) et mouride (31% des musulmans sénégalais).

« Une rupture du principe d’égalité »  

Les interrogations au sujet de la Direction des affaires religieuses n’émanent pas seulement des milieux chrétiens. Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’État,
Abdoulaye Sall, inspecteur de l’enseignement à la retraite émet des
réserves.«
Cette démarche semble indiquer une préférence non seulement pour une
confession particulière, mais également pour une discipline
d’enseignement spécifique, ce qui peut être perçu comme une rupture du
principe d’égalité qui doit prévaloir dans un État laïc
», a-t-il
alerté. 

Pour
cet éducateur, le placement même de cette direction au niveau de la
présidence de la République pourrait signifier « une ingérence du
politique dans des domaines qui devraient plutôt relever de technicités
éducatives et religieuses gérées de manière plus neutre et indépendante
»
. Jean-Paul
Diatta compte sur « la sagesse » du chef de l’État pour « rectifier le
tir dès l’instant que la prise de ces décisions crée autant de
polémiques
». « Un bon gouvernement doit avoir une posture équidistante
et rassurante
», a-t-il prôné, soutenant que de telles décisions peuvent
atteindre « la stabilité, mais aussi la cohésion du Sénégal ». 

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.