Sévissant notamment dans la région du Haut-Nil, au nord-est du pays, ces violences rappellent les heures sombres de la guerre civile, qui a opposé pendant cinq ans le camp du président actuel, Salva Kiir, à celui du vice-président Riek Machar. Comment expliquer cette résurgence des combats ?
Un état de guerre civile
La situation au Soudan du Sud se caractérise par de violents affrontements, notamment dans la région du Haut-Nil. Emmanuelle Veuillet, rappelle que ce pays, indépendant depuis 2011, a très vite sombré dans un conflit interne opposant le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar. Elle explique : « Les tensions politiques ne font que s’accroitre, une compétition politique voit le jour au sein du parti au pouvoir. C’est un enjeu de contrôle politique, à la fois de l’appareil politique (…) mais aussi de l’État et des ressources associées. » En 2018, un accord de paix avait été signé, mais il est resté largement inappliqué, notamment sur l’unification des forces armées, ce qui a laissé place à une nouvelle intensification des rivalités entre les différents clans et factions.
Un conflit ethnique ?
La dimension ethnique du conflit est au centre des enjeux du conflit. Emmanuelle Veuillet insiste : »L’ethnicité devient une ressource politique et un facteur d’inclusion ou d’exclusion à l’État. J’insiste sur ce fait. C’est une ressource politique qui a été mise comme facteur d’inclusion et d’exclusion dans l’État. » Ainsi, bien que Salva Kiir soit issu de l’ethnie Dinka et Riek Machar des Nuers, ce sont des luttes politiques et économiques qui sous-tendent le conflit. Dans la région du Haut-Nil, les forces gouvernementales ont récemment attaqué une milice appelée l’Armée Blanche sous prétexte de désarmement, ce qui illustre une stratégie plus large visant à affaiblir l’opposition.
Vers une aggravation du conflit ?
Enfin, l’instabilité politique et militaire du Soudan du Sud est aggravée par la crise économique et la guerre au Soudan voisin. : « Le pays est dans une situation dramatique avec une dépréciation monétaire qui ne cesse de continuer face au dollar, une inflation galopante, des fonctionnaires et des militaires qui ne sont pas payés depuis plus d’un an. » De plus, l’impossibilité d’exporter le pétrole en raison de la destruction des pipelines au Soudan a encore fragilisé l’économie sud-soudanaise. Dans ce contexte, Emmanuelle Veuillet met en garde contre une escalade des violences.
Crédit: Lien source