Au Soudan, l’armée dit avoir reconquis la Banque centrale

Publié le 22 mars 2025

Lecture : 3 minutes.

L’armée soudanaise a indiqué, samedi 22 mars, avoir repris aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) plusieurs bâtiments importants du centre de Khartoum, notamment la Banque centrale. Elle avait reconquis la veille le palais présidentiel. Ces reconquêtes, parmi les plus importantes de l’armée en près de deux ans de guerre contre les FSR, lui donnent un avantage, mais pas le contrôle total de la capitale, dans un Soudan qui reste divisé.

« Nos forces ont réalisé davantage de progrès la nuit dernière en s’emparant de plusieurs bâtiments, notamment ceux de la Banque du Soudan, du siège des services de renseignements et du Musée national, et éliminé des centaines de membres de la milice qui ont tenté de fuir », a déclaré le porte-parole de l’armée, le général Nabil Abdullah, en référence aux FSR, dans un communiqué à l’AFP.

Les institutions nationales du pays dans le centre de la capitale avaient toutes été envahies et pillées par les paramilitaires au début de la guerre qui a éclaté le 15 avril 2023. Vendredi 21 mars, l’armée soudanaise a repris le palais présidentiel aux FSR, infligeant un coup dur aux paramilitaires, qui ont riposté par un raid meurtrier de drones sur le bâtiment à Khartoum. Symbole de la souveraineté soudanaise, le palais avait été transformé par les paramilitaires en un bastion stratégique, où leurs forces d’élite étaient logées et où des munitions étaient stockées, selon des sources militaires.

Emprise sur la capitale

La bataille pour le district gouvernemental et économique de Khartoum pourrait consolider l’emprise de l’armée sur la capitale, ce qui lui donnerait un avantage significatif dans la guerre qui oppose depuis près de deux ans le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, à son ancien adjoint et commandant des FSR, Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti ».

Grâce à son avance vendredi, l’armée a repris le contrôle de toute la rive sud du fleuve Nil Bleu et du carrefour où le Nil Bleu et le Nil Blanc se rencontrent, un symbole de la capitale soudanaise. Elle a également sécurisé la route entre le centre-ville et Omdurman, ville jumelle de Khartoum sur la rive ouest du Nil. Malgré ces avancées, les FSR tiennent toujours des positions à Khartoum et dans la ville jumelle d’Omdourman, de l’autre côté du Nil Blanc.

Le chef de l’armée, Al-Burhane, a déclaré vendredi que ses « forces avancent à pas mesurés vers la libération totale du Soudan », selon une vidéo partagée par l’armée samedi. « La bataille n’est pas terminée, nous continuerons », avait-t-il annoncé la veille, sous les acclamations, à Al-Kamlin, une ville située à quelque 100 km au sud-ouest de Khartoum.

« Pression sur les voyous de Daglo »

Les FSR n’ont pour le moment pas répondu aux questions de l’AFP, après avoir de leur côté juré vendredi que la bataille pour le palais « n’était pas terminée », et affirmé que leurs combattants restaient dans les environs. Selon des sources militaires, ils se seraient repliés dans des bâtiments du quartier Al-Mogran, une zone juste à l’ouest du palais qui abrite des banques et des sièges d’affaires. Ils auraient installé des tireurs d’élite dans ces tours qui surplombent à la fois Omdurman, de l’autre côté du fleuve Nil, et les ministères du centre de Khartoum.

« Nos forces dans le centre de Khartoum continuent de faire pression sur les voyous de Daglo [… qui] tentent d’échapper à nos forces », a déclaré le porte-parole de l’armée. Après des mois de défaites humiliantes, l’armée a repris, dans la capitale, le secteur de Khartoum-Nord, ainsi que celui du Nil Oriental, à l’est. Les FSR tiennent toujours des positions à Khartoum et dans la ville jumelle d’Omdourman, de l’autre côté du Nil Blanc.

Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et provoqué la plus grande crise alimentaire et de déplacement de population au monde.

(avec AFP)