Au Soudan, le recours atroce aux violences sexuelles: « Les femmes ne dirigent pas cette guerre, pourtant ce sont elles qui en souffrent le plus »

La guerre civile, opposant les Forces de soutien rapide (FSR) aux Forces armées soudanaises (FAS), fait rage depuis avril 2023. À ce jour, elle a déjà fait des dizaines de milliers de morts et entraîné le déplacement de 11 millions de personnes, dans le pays ou vers l’étranger.

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Le viol comme arme de guerre

Si les deux parties se sont rendues coupables de violations du droit international humanitaire, le réseau SIHA (une initiative stratégique pour les femmes de la Corne de l’Afrique) estime que 90 % des violences sexuelles liées au conflit étaient attribuables aux FSR. Les violences sexuelles généralisées ont pour but stratégique d’humilier et de stigmatiser socialement les femmes et les filles, les forçant à fuir leur domicile, permettant aux soldats d’asseoir leur contrôle.

Ces actes constituent aussi une forme de vengeance, selon l’organisation soudanaise pour la recherche et le développement. « La violence à l’égard des femmes est le reflet de la méfiance des belligérants (aussi bien les FSR que les FAS, NdlR) à l’égard du rôle influent que les femmes ont joué dans la révolution de 2018. L’objectif ultime est de les détruire moralement. »

Cette violence systématique se manifeste aussi par des cas d’esclavage sexuel. Amnesty a recensé deux cas à Khartoum, la capitale du pays, dont celui d’une femme ayant déclaré que des troupes des FSR l’avaient retenue en captivité dans une maison pendant un mois, la violant presque quotidiennement.

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Une réponse internationale insuffisante

« Le monde doit prendre des mesures pour mettre un terme aux atrocités des FSR, en faisant cesser l’afflux d’armes vers le Soudan, en faisant pression sur les responsables du pays pour qu’ils mettent fin aux violences sexuelles et en amenant les responsables d’exactions […] à rendre des comptes« , a déclaré Deprose Muchena, directeur pour l’Afrique de l’Est à Amnesty. Alors que la priorité des victimes réfugiées, qui souffrent de douleurs et présentent des traumatismes durables, est d’obtenir des traitements médicaux, le gel des programmes financés par les États-Unis, via USAID, a réduit les possibilités d’accès à des soins de santé sexuelle complets. L’Organisation mondiale de la santé estime en effet que 80 % des hôpitaux situés dans les zones les plus touchées par le conflit au Soudan ne sont pas fonctionnels.

« Les femmes ne dirigent pas cette guerre et n’y participent pas. Pourtant, ce sont elles qui en souffrent le plus », affirme Suhair*, dont le témoignage figure également dans le rapport d’Amnesty. « Je veux que le monde entier soit au courant des souffrances des femmes et des filles soudanaises et fasse en sorte que les hommes qui nous ont violées soient punis.« 

*prénoms d’emprunt

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