Au Soudan, un bombardement des paramilitaires sur la ville d’Omdourman fait trois morts

La guerre fait rage au cœur de la ville la plus peuplée du Soudan. Trois civils, dont deux enfants, ont été tués dimanche 23 mars dans un bombardement des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) sur Omdourman, peuplée de 2,5 millions d’habitants, la ville jumelle de Khartoum. L’attaque a eu lieu au lendemain d’avancées significatives de l’armée régulière dans la capitale soudanaise, a indiqué une source médicale à l’Agence France-Presse (AFP). Ces frappes figurent parmi les plus violentes de ces derniers mois, selon des témoins, et surviennent deux jours après la reprise du palais présidentiel par l’armée, une victoire symbolique majeure.

Depuis avril 2023, la guerre qui oppose le commandant de l’armée, Abdel Fattah Al-Bourhane, à son ancien adjoint et commandant des Forces de soutien rapides (FSR), Mohammed Hamdan Daglo dit « Hemetti », a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et provoqué l’une des plus grandes crises humanitaires au monde.

Des analystes ont averti que les gains de l’armée, bien qu’importants, ne mettront probablement pas fin à la guerre, marquée par des atrocités de masse contre les civils, notamment des bombardements visant un camp de déplacés touché par la famine dans la région occidentale du Darfour. Ces derniers jours, l’armée et les groupes armés alliés ont repris la majeure partie du quartier gouvernemental du centre de Khartoum, situé juste de l’autre côté du Nil, en face d’Omdourman.

« Ce matin, il y a eu une salve de sept obus », a rapporté un habitant à l’AFP, sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. Une source médicale à l’hôpital Al-Nao, l’un des derniers établissements de santé encore en fonction dans la ville, a déclaré que « deux enfants ainsi qu’une femme ont été tués et huit autres blessés lors des bombardements ».

Ces derniers jours, l’armée et les groupes armés alliés ont repris la majeure partie du quartier gouvernemental du centre de Khartoum, situé juste de l’autre côté du Nil, en face d’Omdourman. Les FSR restent stationnées dans certains quartiers du centre-ville, notamment à l’aéroport, ainsi que dans le sud et l’ouest de la capitale. De leurs positions à l’ouest d’Omdourman, elles frappent régulièrement des zones civiles. Le 1er février, plus de 50 personnes avaient ainsi été tuées lors d’une salve tirée par les FSR contre un marché d’Omdourman.

L’armée progresse à Khartoum

Après un an et demi de revers, la situation s’est inversée à la fin de l’année dernière au profit de l’armée, à la faveur d’une contre-offensive dans le centre du Soudan, qui a délogé les FSR de leurs bastions. Depuis janvier, l’armée a repris une grande partie de Khartoum, repoussant les paramilitaires aux abords de la ville.

Vendredi, l’armée et ses alliés ont pris le contrôle du palais présidentiel, où stationnaient uniquement les troupes d’élite des FSR et où elles stockaient des munitions. L’armée a depuis lancé une opération pour chasser totalement les FSR du centre-ville, reprenant samedi plusieurs institutions de l’Etat, dont la banque centrale, le siège des services de renseignement et le Musée national.

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Une source des FSR a reconnu samedi à l’AFP que les paramilitaires s’étaient « retirés de plusieurs endroits » mais livraient une « bataille acharnée » près de l’aéroport, qui demeure entre leurs mains. L’armée a également saisi des infrastructures-clés, progressant samedi par le pont de Tuti pour reprendre l’île de Tuti, située au confluent du Nil Bleu et du Nil Blanc et sous contrôle des paramilitaires depuis près de deux ans.

Un pays divisé en deux

En dépit de la progression de l’armée dans la capitale, le pays reste divisé en deux. L’armée contrôle l’est et le nord du Soudan, tandis que les FSR dominent quasi toute la vaste région du Darfour, à l’ouest, ainsi qu’une partie du sud. Elles n’ont cependant pas réussi à s’emparer d’El-Fasher, capitale du Darfour du Nord.

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Dimanche, des militants prodémocratie qui documentent et organisent l’entraide entre habitants ont fait état de deux morts et trois blessés dans des bombardements des FSR contre le camp de déplacés d’Abu Shouk près d’El-Fasher. Les paramilitaires ont annoncé, par ailleurs, avoir pris dimanche le contrôle de la ville de Lagawa, dans l’Etat du Kordofan occidental, dans le sud du Soudan. Des témoins ont déclaré à l’AFP que les paramilitaires avaient installé des points d’appui aux entrées de la ville et dans ses rues.

Le Monde avec AFP

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