L’espèce de singe présente en Afrique de l’Ouest dispose d’une communication élaborée, qui peut être orale, tactile ou visuelle : des cris, des mimiques, ou même la couleur du postérieur des femelles.
Pour ouvrir la nouvelle saison du Parc zoologique de Paris, en lisière du Bois de Vincennes, consacrée à l’Intelligence animale (IA), nous nous retrouvons au pied de l’immense rocher où s’égayent les 42 babouins de Guinée du zoo. C’est là que fut tournée l’une scènes culte du film culte Le père Noël est une ordure, où les personnages se débarrassent des morceaux de corps d’humain en les jetant aux animaux.
Mais aujourd’hui, c’est un nourrissage beaucoup plus réglementaire auquel nous assistons, dispensé par les soigneurs. « La nourriture a été dispersée dans l’enclos pour éviter les conflits, donc chacun va pouvoir manger. Les animaux les plus dominants vont avoir tendance à manger en premier », précise Julie Bonnald, qui coordonne le programme européen de reproduction des babouins de Guinée.
Ces singes, qu’on retrouve aussi au Sénégal, en Mauritanie ou au Mali, figurent sur la Liste rouge de l’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature, au rang d’espèce quasi menacée. Le babouin de Guinée est le plus petit des cinq espèces de babouins, mais sa palette pour communiquer est très large.
Une communication bien sûr orale : « On peut avoir des grognements amicaux, qu’on appelle des grunts, pour montrer ses bonnes intentions », explique Julie Bonnald, curatrice des mammifères au zoo de Vincennes. Il y a aussi des cris d’alarme, pour prévenir d’un danger les autres babouins du groupe. « Si un cri d’alarme est émis en savane, où le prédateur principal est le lion, on va observer les babouins monter dans les arbres pour se protéger. Alors que si le même cri d’alarme est émis en bordure de plan d’eau où le principal prédateur est le crocodile, on va observer à la place des postures de vigilances. Donc ça montre bien qu’ils arrivent à percevoir l’intention de celui qui a émis le signal, et ainsi d’évaluer la situation et d’agir en conséquence. »
L’épouillage du bonheur
Entre babouins, la communication peut aussi être visuelle, par exemple pour montrer son hostilité, par « un haussement de l’arcade sourcilière ; on voit un peu le blanc des paupières. On va avoir aussi la bouche qui va former un O. »Les femelles babouins disposent d’une communication visuelle spécifique, qui passe par la couleur de leur derrière.
« Par exemple, là, vous avez une femelle, nous montre Julie Bonnald à travers la vitre qui sépare les babouins des humains. C’est rose, mais ce n’est pas très gonflé, on est soit en fin, soit en début d’œstrus (la période d’ovulation). Donc, elle n’est pas réceptive pour l’accouplement. La femelle du fond, elle est vraiment plus proche de la période de reproduction. » Elle arbore en effet un postérieur rose vif.
Il y a enfin la communication tactile. « Des mâles comme des femelles peuvent sentir ou toucher la zone uro-génitale. C’est ce qu’on appelle des salutations. Je présente une zone sensible en gage du fait que je ne vais pas vous attaquer. »
Et il y a bien sûr le fameux épouillage. « Là, on voit deux babouins l’un à côté de l’autre, décrit Julie Bonnald. Il y en a un qui montre son dos à l’autre qui cherche dans le pelage pour enlever les petites impuretés, les parasites. Mais l’épouillage n’a pas qu’une fonction de toilettage. On l’a comparé au phénomène de commérage chez l’humain. C’est vraiment pour renforcer les liens sociaux entre les individus. » Et ça leur fait du bien : l’épouillage stimule la production d’endorphine, l’hormone du bonheur.
«Les bonobos nous ressemblent-ils?»
Les bonobos sont les primates le plus proches des humains (notre ancêtre commun vivait il y 7 millions d’années), et une étude réalisée au Congo-Kinshasa, dans la réserve de Kokolopori, vient encore de le confirmer. Les chercheurs ont d’abord élaboré le premier dictionnaire des cris de bonobos. Leurs découvertes sont ensuite allées plus loin : pour communiquer, les bonobos ne se contentent pas de cris isolés, ils sont presque capables de faire des phrases. Mieux, le sens d’un cri (d’un mot) dépend de l’autre cri dans la phrase, ainsi que du contexte. Les bonobos utilisent des combinaisons complexes, une forme de syntaxe – on pensait jusqu’ici que c’était le propre de l’Homme.
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