La Ville de Baie-des-Hérons souhaite inciter ses commerces à s’afficher davantage dans les deux langues officielles.
En discussion depuis près d’un an, le conseil a finalement adopté sa politique sur le paysage linguistique. Elle adhère par le fait même au projet «Afficher le paysage en français» piloté par l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick.
«Cette politique servira d’encouragement pour les commerces et les entreprises à afficher leurs enseignes dans les deux et même une troisième langue si c’est leur souhait», a souligné lundi le conseiller Jean-Robert Haché lors de la présentation de la politique au conseil, précisant au passage que la ville est voisine de la Première nation autochtone d’Eel River Bar.
Avec cette politique, le conseil souhaite que l’affichage représente mieux sa diversité linguistique.
Selon M. Haché, la Ville entend faire parvenir prochainement les détails de cette politique à tous les commerces et entreprises de son territoire. Un comité stratégique – en l’occurrence le comité culturel déjà sur pied – aura quant à lui le mandat d’établir les lignes directrices (critères), d’étudier les demandes de participation au programme et de s’assurer de la bonne application de la politique.
À titre d’exemple, un commerce existant ayant une affiche unilingue anglophone qui déciderait d’y ajouter du français pourrait recevoir une aide de 60% jusqu’à concurrence de 4000$. La Ville offrira également gratuitement des enseignes «Ouvert/Open» aux commerces ainsi que des affiches bilingues pour les heures d’ouverture.
«Ça peut paraître drôle, mais actuellement, pratiquement tout dans la ville est ‘‘Open’’ uniquement. On voit très peu d’‘‘Ouvert’’. Mais c’est par de petits gestes comme ça que l’on espère changer, améliorer, le paysage linguistique de Baie-des-Hérons», explique le conseiller Haché, notant que souvent, même les commerçants francophones oublient de s’afficher dans leur langue.
Celui-ci l’avoue, il souhaiterait voir plus de commerces s’afficher en français.
«Baie-des-Hérons est majoritairement francophone. Si on prend Dalhousie uniquement, c’est 50/50. Ça fait beaucoup de clients francophones, sans compter ceux qui viennent des régions avoisinantes qui sont plus francophones. On estime donc qu’il y a du travail à faire afin de mieux refléter notre réalité, et c’est pourquoi on croit que c’est important de sensibiliser nos commerçants à être davantage bilingues dans leur affichage», indique-t-il.
Pour le moment, le conseiller soutient ne pas encore avoir entamé de discussion formelle avec des commerces ou entreprises intéressées à franciser leurs enseignes. Il espère toutefois que plusieurs franchiront cette étape, notant que l’incitatif financier qui vient avec cette décision peut s’avérer intéressant pour les commerces qui songent à mettre à jour leurs enseignes.
«On ne s’attend pas à ce que toutes les enseignes de tous les commerces utilisent le français du jour au lendemain, mais on a espoir de voir cette situation évoluer positivement petit à petit. Cette politique est un premier pas dans cette direction», dit-il.
Boulangerie Red Cabin Bakery
Sans le savoir, Tricia Savoie et son conjoint, Ron Huntington de la Boulangerie Red Cabin Bakery, cadrent exactement avec les visées de cette nouvelle politique à Baie-des-Hérons.
Situé sur la rue Grey, leur commerce s’affiche à l’extérieur autant en français qu’en anglais. À la fenêtre, un signe lumineux «Ouvert» alterne avec celui «Open». À la porte, une note bilingue invite les clients à faire attention à la marche. L’aspect du commerce est bilingue, et pourtant, ses deux propriétaires sont anglophones.
De ses fourneaux, Tricia explique que le commerce avait déjà ce nom lorsqu’elle l’a racheté il y a de cela deux ans. Elle ne s’attribue donc pas le mérite de l’avoir sélectionné, sinon par contre celui de le perpétuer.
«Et si c’était à refaire, ce serait exactement ce que je ferais. J’utiliserais les deux langues comme c’est le cas en ce moment», s’empresse-t-elle de préciser. Pourquoi?
«Je crois que c’est bien – même si nous ne sommes pas francophones – d’avoir un peu de français dans notre commerce. Je pense que c’est un geste que les clients apprécient également», ajoute la propriétaire.
«Si l’on était à Toronto, je ne verrais pas vraiment l’intérêt de faire référence au français, mais ici, à Baie-des-Hérons, on est dans une communauté bilingue. À mes yeux, c’est logique de s’afficher dans les deux langues», soutient pour sa part son conjoint.
À noter que la politique adoptée par le conseil n’est toutefois pas contraignante. Celle-ci est totalement volontaire et aucune pénalité n’est prévue pour les commerces et entreprises qui ne souhaitent pas apporter de changements à leurs enseignes.
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