Bénin: l’interdiction de traversée du fleuve Niger pèse sur Malanville

En février, le Bénin rouvrait sa frontière avec le Niger, fermée dans la foulée du coup d’État du 26 juillet à Niamey. Mais, à ce jour, le Niger la maintient fermée, des containers bloquent toujours le pont qui relie les deux voisins. La ville béninoise de Malanville, frontalière du Niger dont elle n’est séparée que par le fleuve du même nom, subit de plein fouet les conséquences de cette fermeture. Encore plus depuis que le Bénin a décidé, le mois dernier, d’interdire la traversée du fleuve.

De notre envoyée spéciale à Malanville,

Afin de contourner la fermeture de la frontière entre le Niger et le Bénin, passagers et marchandises traversaient le fleuve Niger en pirogue depuis Malanville, au Bénin, pour gagner la rive nigérienne, et ce, jusqu’au mois dernier. Alors, l’embarcadère était aussi animée qu’un marché et Ismaël, un zemidjan – un taxi-moto – à Malanville, venait souvent près du fleuve pour déposer des passagers. « Quand le fleuve travaille, le bus vient et s’arrête, il décharge les gens, les zemidjans prennent 500 par tête pour les amener au bord du fleuve. Arrivé là-bas, tu discutes avec le piroguier, il te dépose du côté Niger et vous partez. » Ismaël se désole : « Maintenant, ce n’est plus comme ça. Même pour aller au fleuve, c’est difficile. »

Depuis plus d’un mois, la traversée du fleuve est interdite, ses rives sont surveillées et le brouhaha des passagers a laissé place aux seuls bruits des oiseaux. Ismaël a donc changé ses habitudes : « Je suis venu rendre visite à mes parents qui sont au bord du fleuve, je vais voir comment ils vont. » Le zemidjan explique qu’il a dû changer ses habitudes : « Souvent, je venais la nuit, tant que la frontière n’était pas fermée. Maintenant, il y a des militaires, la police est là la nuit, donc je préfère venir dans la journée. La nuit, ils vont te demander où tu vas. »

Des activités économiques entravées

Dix mois après la fermeture de la frontière, l’interdiction de la traversée du fleuve est vécue comme un vrai coup dur par les habitants de Malanville. Dans sa petite boutique, Abdou Yayi vend un peu de tout, le commerçant fait venir certains produits du Niger et de la ville de Gaya, les yaourts, le couscous… Cette interdiction complique grandement ses activités : « La fermeture de [la traversée du fleuve] amène beaucoup de problèmes. Ce qui arrive de Gaya est bloqué ou sinon, c’est cher. » Le commerçant ajoute que, même pendant la période du Covid, il n’a jamais vécu une telle situation.

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Ces difficultés, les autorités locales en sont conscientes, mais Moussa Sambo Nouhoum, deuxième adjoint au maire de Malanville, justifie la décision d’interdire la traversée du fleuve, alors que le Niger bloque toujours le pont qui relie les deux pays : « Le Bénin avait fait le choix de  »fermer les yeux », le passage sur l’eau était extrêmement dangereux compte tenu de la question sécuritaire. Et le passage sur l’eau n’était pas du tout aisé et était donc extrêmement dangereux. Le Bénin, après avoir ouvert sa frontière, a donc décidé d’interdire le passage sur l’eau. »

Un enfant, un parent, une épouse au Niger, nombreux sont les habitants de Malanville à raconter leurs liens avec le pays voisin. À Malanville et à Gaya, nous sommes les mêmes, disent-ils, « on n’a pas envie de conflits, il faut qu’on s’entende. »

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