Si l’équipe de France a croqué la Croatie, ce n’est pas la seule nation à avoir apprécié cette trêve internationale. Privés de match avec la Berrichonne contre Versailles pour cause de sélection avec Haïti, Leverton Pierre et Téo James Michel ont profité de l’occasion pour vivre une sacrée aventure : « Cette victoire en Azerbaïdjan (0-3), c’était la première victoire d’Haïti sur le sol européen, confie ce dernier. On a battu un record du nombre d’invincibilité, avec 10 victoires et un nul, lors des onze derniers matchs. Ce match permettait aussi de fêter les 100 ans de la sélection, le premier match c’était contre la Jamaïque en Haïti en 1925… On est les seuls recordmen maintenant. »
Téo, 20 ans, parle de cette équipe comme s’il en était familier. Ce n’est absolument pas le cas puisqu’il s’agissait même de sa toute première sélection… Mais il avait bien révisé sa leçon, bien aidé par ses parents : « Ils ont appris avant moi que j’étais sélectionné ! Ils étaient connectés à fond là-dessus. Ils vivent à Paris et sont haïtiens tous les deux, je suis fier et content pour eux. J’ai joué dix minutes en tout en fin de partie, c’est très bien ainsi. Je les ai appelés après la rencontre, ma mère était en pleurs. »
Dernière participation d’Haïti au Mondial en 1974 !
Si Téo James (double prénom) a aussi bien vécu cette première, il le doit à son ange gardien, son aîné Leverton Pierre, qui a veillé sur son acclimatation. À 27 ans, Leverton est, lui, un habitué de l’équipe nationale, puisqu’à Bakou, il disputait son 21e match avec les Grenadiers. « En juin, on va démarrer les qualifications pour la Coupe du Monde 2026. On a une bonne chance d’y parvenir dans la zone Concacaf. Ce serait énorme pour le pays, la dernière fois qu’Haïti y a pris part c’était en 1974 ! » Aucun des deux n’était né…
« Ici c’est la famille… »
La sélection, c’est une chose, la Berrichonne une autre : « Je suis allé vivre ma petite expérience, explique Téo, j’ai vu, j’ai découvert, j’ai appris, maintenant, je suis focus sur la fin de saison de la Berri. La sélection, c’était bien, c’est passé, maintenant à fond pour la Berrichonne. Je suis là depuis six-sept ans, j’y ai fait toute ma formation, pour moi ici c’est la famille, c’est là où je me sens bien, c’est mon club de cœur. »
C’est assez incroyable car ils ne se connaissaient pas l’été dernier, mais ce duo est devenu inséparable à Châteauroux : « C’est un Haïtien comme moi, je suis plus âgé, je le prends avec moi. Entre Haïtiens, c’est comme ça », confie tout naturellement Leverton.
Une « protection » validée par le plus jeune : « On est tout le temps ensemble ! Ça me fait du bien qu’il soit là. Je sais que j’ai mon grand frère à mon côté. Si je veux parler, si j’ai besoin de conseils, même en dehors du foot, dès que je lui demande un truc, il est là. »
« C’est mon petit, je vais le suivre »
Et l’aîné ne va pas desserrer l’étreinte aussi facilement : « C’est mon petit, je vais le suivre. Même à l’entraînement, je ne le lâche pas, si je dois lui mettre des boîtes, je n’hésite pas. »
« Il ne met de coups à personne, sauf à moi… », fait semblant de protester Téo.
« Si t’es habitué à aller au duel toute la semaine, tu vas savoir comment les gérer en match », justifie Leverton.
« C’est fait de manière très agressive mais ce n’est pas méchant, reprend Téo. Je suis sûr que ça m’a aidé, je sais maintenant comment encaisser les coups. »
« Quand je suis arrivé, il savait jouer mais il manquait de petits conseils pour garder la balle », souligne Leverton, expert du jeu au milieu de terrain. « Il m’a beaucoup, beaucoup, beaucoup conseillé », admet Téo.
De retour depuis lundi avec un décalage horaire à digérer, les deux ont déjà repris l’entraînement avec le club et préparent activement le match capital de vendredi face à Paris 13, « sur un synthétique bizarre. Il faudra être à 200 % pour gagner ce match ». Toujours avec un énorme respect l’un pour l’autre : « Je considère que Leverton est un super joueur, un des meilleurs de l’équipe, qui n’a rien à faire dans ce championnat et qui devrait être minimum en Ligue 2. »
« Téo, c’est un bon petit, un bosseur, il ne boude pas souvent. Quand ça arrive, je lui dis que dans la vie, on ne va pas te faire de cadeaux, c’est à toi de travailler, de faire des efforts. »
Berri-Haïti, ces deux-là se sont bien trouvés…
Quel est le vrai classement de la Berri ?
Après son nul face au Mans, la Berrichonne (24 points, -19 au goal-average) a quitté la place de lanterne rouge au détriment de Paris 13 qui possède pourtant un meilleur ratio buts marqués-encaissés (-7). Cette bizarrerie vient du fait qu’en National, c’est le goal-average particulier qui entre en jeu en cas d’égalité au nombre de points. La Berrichonne et Paris ayant fait match nul (1-1) à l’aller, ce n’est pas non plus ce critère qui les distingue.
Il faut en réalité prendre en compte que Nîmes possède également 24 points et que dans un tel cas, c’est le mini-championnat à trois qui départage les équipes. Nîmes a battu la Berri (1-0) à l’aller et s’est incliné (3-2) à Gaston-Petit. Les Nîmois ont également fait match nul face à Paris 13 (1-1).
En clair, si l’on considère toutes les oppositions entre ces trois équipes, on arrive au classement suivant : 1. Nîmes (4 points, 4 buts marqués, 4 encaissés, -6 au goal-average général) ; 2. Châteauroux (4 points, 4 buts pour, 4 contre, -19 au général) ; 3. Paris 13 (2 points, 2 buts pour, 2 contre, -7 au général). CQFD, c’est bien Paris 13 qui est dernier, au moins jusqu’au match de vendredi face à la Berri.
Paris 13 Atletico – Berrichonne, vendredi 28 mars, 19 h 30, stade Pelé.
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