La politique française conserve son formidable potentiel de surprises. De la guerre fratricide à droite des années 2000, on pensait que malgré ses allures fringantes de cavalier, il ne se relèverait jamais. Sarkozy rêvait de le voir finir sur un crochet de boucher. 20 ans après, c’est bien celui qu’il surnommait affectueusement “le nain” qui bouffe son pain noir, au procès du financement libyen de la campagne présidentielle 2007. Et lui, Dominique de Villepin marche sur l’eau, caracole dans les sondages. 54 %, mieux qu’Édouard Philippe. À 71 ans, il connaît une seconde jeunesse et accapare les plateaux à dispenser ses leçons de sagesse. L’avocat d’affaires, à la prospère société dont les réseaux iraient jusqu’au Qatar, fait battre le cœur de la gauche. Le don de soi, sans doute.
Personnalité politique préférée des Français, Dominique Galouzeau de Villepin suscite surtout l’adhésion au NFP. Invité à la fête de l’Huma, il fait chavirer la France insoumise, laquelle voit en lui son meilleur avocat pour ses procès en infamie. Ces nouveaux fans n’ont retenu de son passé chiraquien que son vibrant discours pacifiste à l’Onu. Moins ses errances stratégiques (la dissolution de 1997) ou ses mesures très peu sociales quand il était premier ministre. La jeunesse manifestait contre son Smic au rabais et il privatisait les autoroutes. Depuis le 7 octobre 2023, l’attaque du Hamas et la réplique militaire israélienne, le chouchou néo-révolutionnaire multiplie les positions tranchées sur Gaza, au point d’être taxé d’antisémitisme par BHL, pourfend l’amateurisme de Retailleau dans la crise algérienne ou s’indigne que Macron n’ait pas nommé Lucie Castets à Matignon l’été dernier. Voire pis, démissionné ! En mal de leader la gauche a peut-être trouvé son nouveau Mitterrand. Lequel, rappelons-le, a mûri son destin présidentiel au terme d’un long parcours qui avait commencé… Très à droite.
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