Brenda Biya, la fille du Président, embrasse sa compagne sur Instagram – Libération

La fille du président camerounais Paul Biya a publié dimanche 30 juin une photographie sur Instagram la montrant en train d’embrasser une autre femme. Le Code pénal du pays considère toujours l’homosexualité comme un crime de droit commun.

«Je suis folle de toi, et je veux que tout le monde le sache.» La photographie accompagnée de cette légende montrant la rappeuse camerounaise de 26 ans Brenda Biya, alias «King Nastyy», et de la mannequin brésilienne Layyons Valença en train de s’échanger un baiser n’a rien d’anecdotique. Publié dimanche 30 juin sur Instagram, le cliché a depuis provoqué une polémique dans le pays dirigé depuis quatre décennies par son père, Paul Biya.

Si Brenda Biya a décidé d’empêcher ses abonnés de commenter la publication, c’est sans doute parce qu’au Cameroun, l’homosexualité est toujours interdite par la loi 347-1 du Code pénal, qui punit les relations entre les personnes de même sexe d’une peine de prison pouvant aller de six mois à cinq ans. Sans oublier une amende de 20 000 à 200 000 francs CFA.

Ce n’est pas la première fois que la fille du président camerounais évoque ce sujet. Sur d’autres vidéos postées sur ses réseaux sociaux, elle avait déjà déclaré se sentir «un peu du genre masculin et un peu du genre féminin». Sur les réseaux sociaux, les commentaires fusent sous les articles évoquant la relation de Brenda Biya. «Seigneur préserve nos enfants de ce genre de dérives» et autres florilèges d’indignation sont lisibles au bas de plusieurs publications sur Facebook faisant état du coming out de Brenda Biya.

«Crime de droit commun»

Selon un article de Jeune Afrique publié ce mardi 2 juillet, c’est depuis la Suisse que la fille du président camerounais a posté son cliché. Car dans le pays, les personnes gays, lesbiennes, bisexuelles ou encore trans sont ciblées par les autorités du pays. En juin 2023, Jean-Marc Berthon, l’ambassadeur français pour les droits des personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres a décidé d’annuler un voyage prévu à Yaoundé après avoir reçu une note du ministre camerounais des Relations extérieures précisant qu’il «n’est pas possible de parler de personnes LGBT +» au Cameroun.

«Nous sommes ravis de voir Brenda Biya, la fille du Président, embrasser sa vérité et célébrer son amour pendant le mois de la fierté ! […] Alors que nous nous réjouissons de la liberté de Brenda, nous reconnaissons également la dure réalité dont de nombreux citoyens LGBTQ + au Cameroun sont victimes de discrimination et de persécution juridique», a de son côté réagi Nkwain Hamlet, président de l’ONG LGBT Working For Our Wellbeing lundi 1er juillet sur X. «Cette hypocrisie ne peut pas durer. Nous exigeons que le gouvernement protège Brenda Biya et crée un espace sûr pour un dialogue ouvert sur les droits LGBTQ +, conduisant à la décriminalisation des relations homosexuelles, a ajouté Nkwain Hamlet. Soyons tous solidaires de Brenda Biya et de tous les citoyens camerounais, luttant pour un avenir où chacun jouit des mêmes libertés et dignité, quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre.»

Interrogée par RFI lundi 1er juillet, l’avocate Alice Nkom, militante pour la dépénalisation de l’homosexualité, s’est également félicitée de la publication de Brenda Biya. «Bravo Brenda ! Merci pour ce courage. J’espère qu’il va inspirer d’autres personnes de la communauté LGBT du Cameroun, en particulier, et du monde entier», a souligné Alice Nkom. Avant d’ajouter : «Quand on sait que c’est dans un pays répressif, un pays qui condamne des jeunes gens à des peines d’emprisonnements sévères pour de rapports homosexuels présumés ou réels, on se dit qu’il y a là quelque chose d’historique, quelque chose à retenir qui annonce des changements auprès du législateur, qui est en même temps le papa de Brenda.»


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