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- Author, Chérif Ousman MBARDOUNKA & Paul Njie & Basillioh Rukanga
- Role, BBC Afrique & BBC News
Le chef militaire du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a annoncé son intention de se présenter aux élections présidentielles du mois prochain.
M. Nguema a pris le pouvoir en 2023 lors d’un coup d’État qui a mis fin au règne de longue date de la famille Bongo.
Ce militaire qui a fêté ses 50 ans ce lundi avait pourtant promis de rendre le pouvoir aux civils au terme de la transition ouverte il y a 18 mois avec le « coup de la libération ».
Le pays a toutefois adopté depuis une nouvelle constitution et un nouveau code électoral. Voté en janvier par un parlement de transition, le nouveau code électoral autorise désormais les militaires à se présenter. Selon les critiques, ces textes ont été conçus pour favoriser une candidature à la présidence du chef de la junte.
M. Nguema a déclaré lundi au peuple gabonais qu’il avait décidé de se présenter à l’élection du 12 avril « après mûre réflexion et en réponse à vos nombreux appels ».
S’adressant à ses partisans sous une pluie battante dans la capitale, Libreville, il a déclaré qu’il était prêt à changer le destin de ce pays riche en pétrole.
« Je suis un bâtisseur et j’ai besoin de votre courage, de votre force, pour construire ce pays », a déclaré le chef du coup d’État, qui venait de fêter ses 50 ans.
Cette annonce fait suite à des mois de spéculation sur ses intentions d’occuper officiellement la première place du pays.
Samedi, M. Nguema a déclaré aux militaires, lors d’une réunion, qu’il était conscient de leur désir de le voir se présenter à l’élection et les a exhortés à voter.
Il a déclaré aux forces de défense qu’il avait entendu leurs appels. « Je vous ai écoutés et, croyez-moi, je vous ai compris », a-t-il ajouté, « je reviendrai vers vous dans les prochains jours ».
Des spéculations ont circulé sur le fait que M. Nguema avait quitté l’armée pour se présenter à la présidence, mais cette information a été démentie par son porte-parole.
Une page Facebook associée à M. Nguema a précisé lundi qu’il était tenu d’abandonner temporairement son uniforme militaire pour se présenter aux élections.
La page, Infos CTRI Officiel, a déclaré qu’il devrait quitter définitivement l’armée s’il remportait l’élection. « S’il n’est pas élu, il retournera à la caserne. »

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La junte dirigée par M. Nguema a mis fin à 55 ans de dynastie Bongo.
Ali Bongo avait gouverné pendant 14 ans avant d’être renversé. Il a pris ses fonctions après la mort de son père, Omar Bongo, qui avait été président pendant 41 ans.
Le mois dernier, le président de la Guinée équatoriale voisine, Obiang Nguema Mbasogo, a encouragé les Gabonais à soutenir M. Nguema pour un meilleur avenir de leur pays.
Certains groupes de l’opposition et de la société civile gabonaise ont toutefois exhorté le chef militaire à honorer sa parole et à laisser le pouvoir aux civils après la transition.
Malgré les richesses pétrolières et les vastes forêts du Gabon, un tiers de ses 2,4 millions d’habitants vit en dessous du seuil de pauvreté, selon les Nations unies.
Qui pour le challenger ?

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Une vingtaine de prétendants ont déjà retiré leur dossier de candidature, selon les médias locaux. Face à Oligui Nguema, l’opposition peine encore à s’organiser.
Parmi les prétendants déclarés, Daniel Mengara, 57 ans, farouche opposant du régime Bongo revenu en août dernier au Gabon après 26 ans d’exil. Il a lancé une levée de fonds pour financer sa campagne.
Dans les starting blocks, on trouve deux femmes, une cheffe d’entreprise de 36 ans, Gninga Chaning, et une ingénieure de 44 ans, Marion N’negue Minstsa.
Figurent aussi un inspecteur des impôts, Joseph Lapensée Essingone, un jeune militant qui préside le mouvement « Gabon en action », Steeve Ilahou, un journaliste Marc-Ulrich Malekou Malekou, un cadre du privé Ghislain Brice Ngui Nze.
Présenté par certains médias comme le challenger le plus crédible du général Oligui, le dernier Premier ministre du régime Bongo, Alain-Claude Bilie By Nze, s’est lancé dans une tournée du pays. Ayant claqué la porte du Parti démocratique gabonais (PDG, l’ancien parti au pouvoir), il se profile comme un candidat potentiel.
Les figures de l’opposition, le professeur Albert Ondo Ossa, l’ancien vice-président Pierre-Claver Maganga Moussavou et l’ancien ministre Ali Akbar Onanga Y’Obegue, pourraient annoncer leur candidature dans les prochains jours. Ils avaient déjà exigé une interdiction formelle pour tout militaire du CTRI (le Comité pour la transition et la restauration des institutions) de se porter candidat aux prochaines élections.
Autre candidature annoncée, celle du syndicaliste, Jean-Rémy Yama. Il a officiellement annoncé sa candidature le 28 février dernier. Cet enseignant chercheur a été désigné candidat par son parti, le Parti national pour le travail et le progrès (PNTP), fondé il y a à peine un mois. Il se dit prêt à engager des discussions avec d’autres candidats afin de créer les conditions d’une véritable rupture avec l’ordre établi. Âgé de 60 ans, il a été un critique virulent du régime d’Ali Bongo. Incarcéré à deux reprises, il a été libéré par le général Brice Oligui Nguema, qui l’a ensuite nommé sénateur de la Transition.
Enfin, le PDG qui a été au pouvoir pendant près de 55 ans pourrait également être en lice pour cette présidentielle. Sur fond de divisions internes, cette décision pourraient cependant susciter des débats.
La procédure d’inscription de candidature prévue jusqu’au 8 mars inclut un test linguistique, un contrôle médical et une déclaration de biens.
La campagne électorale doit commencer le 29 mars. Le décret fixant la tenue de la présidentielle ne précise pas de date pour le deuxième tour prévu par la Constitution en cas de ballotage.
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