Burkina Faso : des journalistes enlevés à Ouagadougou, la liberté de la presse menacée


La situation de la liberté de la presse au Burkina Faso continue de se dégrader. Lundi 24 mars 2025, deux journalistes burkinabè de premier plan, Guezouma Sanogo et Boukary Ouoba, respectivement président et vice-président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), ont été enlevés à Ouagadougou par des individus se présentant comme des agents des services de renseignements. 

Selon les informations rapportées par LeFaso.net, les deux responsables de l’AJB ont été conduits vers une destination inconnue. Cet enlèvement survient quelques jours seulement après les propos tenus par Guezouma Sanogo lors du congrès de l’association, au cours duquel il avait dénoncé la transformation de la Radio Télévision du Burkina (RTB) et de l’Agence d’Information du Burkina (AIB) en outils de propagande au service du pouvoir en place. 

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Des déclarations largement relayées sur les réseaux sociaux qui ont suscité de nombreuses réactions. Si certains estimaient que ces propos allaient à l’encontre du devoir de réserve d’un journaliste de la maison, d’autres voyaient dans cette sortie un cri d’alerte sur la situation préoccupante des médias publics au Burkina Faso. 

Un troisième journaliste interpellé 

« Luc Pagbelguem a été emmené par des agents du Conseil national de Sécurité. Journaliste à la chaîne de télévision publique BF1, il venait de faire un reportage sur la clôture du congrès de l’Association des journalistes du Burkina », a pointé le média Wakatséra . 

Lors de ce congrès, le nouveau bureau de l’AJB avait réaffirmé sa mission de défendre les droits des journalistes face aux pressions des employeurs et des autorités, tout en œuvrant à la formation de ses membres dans un contexte sécuritaire et politique de plus en plus difficile. 

La junte dénonce une campagne de désinformation 

Pour leur part, les autorités militaires dénoncent une campagne de désinformation visant, selon elles, à ternir l’image de l’armée et à semer la division au sein de la population. Afrik.com rapporte qu’un communiqué officiel publié samedi dernier met en garde contre la diffusion de vidéos truquées attribuant aux supplétifs des Forces de défense et de sécurité (FDS) des massacres de civils. 

Les autorités estiment que ces contenus visent à exacerber les tensions intercommunautaires et appellent la population à ne pas relayer des informations non vérifiées, rappelant que la lutte contre la désinformation est essentielle à la cohésion sociale et à la préservation de la souveraineté nationale. 

L’opposition politique également visée 

La vague de répression ne touche pas uniquement les journalistes. L’opposition politique est elle aussi dans le viseur du pouvoir. Quatre membres du mouvement SENS (Servir et non se servir), connu pour ses critiques contre la junte, ont été enlevés samedi, suivis d’un autre militant le lendemain. Le mouvement dénonce une volonté manifeste de museler les voix dissidentes et d’instaurer un climat de peur. Il appelle les autorités à cesser la répression et à plutôt se concentrer sur la protection des populations civiles victimes d’exactions. 

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Le Burkina Faso, surnommé le « pays des Hommes intègres », traverse une période critique pour la liberté de la presse et les droits de l’homme. Entre les enlèvements de journalistes, la répression de l’opposition et les accusations de désinformation, le climat socio-politique devient de plus en plus tendu. Les organisations de défense des droits de l’homme et les acteurs de la société civile appellent les autorités à garantir la sécurité des journalistes et à respecter les principes démocratiques essentiels au vivre-ensemble. 

Prince Beganssou 

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