Burkina Faso : Le Capitaine Ibrahim Traoré accorde une grâce amnistiante à des militaires condamnés pour le coup d’État manqué de 2015

Le Burkina Faso, sous la direction du Capitaine Ibrahim Traoré, poursuit sa politique de stabilisation et de réconciliation nationale. En ce sens, l’Exécutif burkinabè a adopté, le 18 décembre 2024, un projet de loi portant amnistie et conditions d’octroi de la grâce amnistiante à une vingtaine de militaires impliqués dans le coup d’État manqué de septembre 2015. Cette initiative, officialisée par un décret signé le 24 mars 2025, traduit la volonté des autorités de tourner la page sur cet épisode tumultueux de l’histoire récente du pays.

Une mesure de clémence pour la réconciliation nationale

Bamada.net-Par ce décret, le Capitaine Ibrahim Traoré a accordé une « grâce amnistiante » à 21 membres des Forces armées nationales, jugés et condamnés pour leur implication dans le putsch avorté du 15 et 16 septembre 2015. Ces militaires avaient été poursuivis et jugés pour « attentat à la sûreté de l’État », « meurtres » et « coups et blessures ».

 

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L’amnistie concerne non seulement les condamnations pénales, mais également les sanctions disciplinaires encourues pour ces faits. Toutefois, le décret stipule clairement que la réintégration des bénéficiaires dans l’armée « ne peut jamais donner lieu à reconstitution de carrière ni à indemnisation ».

Retour sur le coup d’État manqué de 2015

Pour rappel, les 15 et 16 septembre 2015, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), une unité d’élite fidèle à l’ex-président Blaise Compaoré, avait tenté un coup d’État contre le gouvernement de transition dirigé par Michel Kafando. Ce putsch, orchestré par le général Gilbert Diendiéré, visait à renverser le régime de transition mis en place après l’insurrection populaire d’octobre 2014, qui avait contraint Compaoré à l’exil.

Après quelques jours de tensions, marqués par une forte mobilisation populaire et la pression des forces loyalistes, les putschistes avaient dû abandonner leur projet. Le RSP fut dissous et plusieurs de ses membres furent arrêtés, jugés et condamnés en 2019.

Un long processus législatif

L’amnistie de ces militaires résulte d’un long processus législatif initié en décembre 2024. Le gouvernement burkinabè avait proposé un projet de loi portant amnistie et conditions d’octroi de la grâce amnistiante, qui fut adopté en séance plénière le 30 décembre par l’Assemblée législative de transition (ALT), avec 67 votes favorables sur 70.

Ce texte s’appuie sur plusieurs dispositions légales et réglementaires, notamment :

  • La Constitution du Burkina Faso ;
  • La Charte de la Transition du 14 octobre 2022, modifiée le 25 mai 2024 ;
  • La loi n° 15/61/AN du 09 mai 1961, réglementant l’amnistie en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) ;
  • La loi n° 043-2024/ALT du 30 décembre 2024 portant amnistie et conditions d’octroi de la grâce amnistiante.

L’octroi de cette grâce s’est fait sur proposition du ministre de la Justice et des Droits humains, Maître Edasso Rodrigue Bayala, et du ministre de la Défense, le Général de Brigade Célestin Simporé.

Une décision controversée ?

Si cette amnistie est perçue par certains comme une volonté d’apaisement et de réconciliation, d’autres voix s’élèvent pour critiquer une remise en question de la justice rendue en 2019. Pour les familles des victimes et certains observateurs, cette décision pourrait être interprétée comme un signal de laxisme envers les responsables de troubles politiques graves.

En revanche, pour les partisans du Capitaine Ibrahim Traoré, cette mesure s’inscrit dans une démarche plus large visant à restaurer l’unité nationale et à réintégrer ces militaires dans la société. Dans un contexte où le Burkina Faso fait face à d’importants défis sécuritaires, l’armée burkinabè doit faire preuve de cohésion et de solidarité pour lutter contre les groupes terroristes qui sévissent dans la région.

 

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La décision du Capitaine Ibrahim Traoré d’accorder une grâce amnistiante aux militaires impliqués dans le coup d’État manqué de 2015 marque une nouvelle étape dans la gestion politique du Burkina Faso. Si elle vise à renforcer la cohésion nationale, elle soulève également des interrogations sur l’équilibre entre justice et réconciliation. L’avenir dira si cette démarche contribuera à stabiliser durablement le pays.

 

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Fatoumata Bintou Y

 

Source: Bamada.net


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