Au Burkina Faso, la campagne annuelle du Fonds catholique de solidarité Alfred Diban (Fcsad) se déroule du 9 au 16 mars. L’objectif : mobiliser cette année les 100 millions de FCFA (153 000 €) que l’Église locale peine à trouver depuis deux ans. « Nous avons des difficultés car pour les deux années précédentes (NDLR : en 2023 et en 2024), pour le même objectif, nous avons mobilisé à peine la moitié, soit moins de 50 millions », déplore le père Constantin Safanitié Séré, secrétaire général de l’OCADES Caritas Burkina (1) et en charge de la gestion du Fcsad.
Lancé en 2017 par la conférence épiscopale Burkina-Niger, ce fonds catholique vise à soutenir les victimes des catastrophes naturelles, notamment les inondations et les sécheresses. « Un an sur deux, il y avait toujours des crises liées aux catastrophes naturelles dans notre pays. C’est pour réagir aux souffrances et à la misère engendrées que nos pères évêques ont décidé de la création de ce fonds », explique le prêtre. Il s’agissait, pour l’Église locale, de « réagir rapidement auxdites souffrances » avec des moyens propres sur lesquels elle devra désormais compter.
En plus des attaques terroristes qui fragilisent la sécurité du Burkina Faso, 9 régions sur les 13 que compte ce pays d’Afrique de l’Ouest, ont enregistré en 2024 des inondations avec des crues reparties sur les centres urbains, semi-urbains et les villages. Les données collectées font état de 16 568 personnes sinistrées dans ces régions, de 415 hectares de champs de cultures détruites et de la perte de 4 106 animaux domestiques. La région du Sahel est la plus touchée, notamment la commune de Gorom Gorom qui a enregistré neuf cas d’inondations, suivie de la région de l’Est avec la commune de Fada N’Gourma dont six localités ont été touchées.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) estime que la sécheresse touche au moins 5 millions de personnes au Burkina Faso lorsqu’elle survient, et ces personnes n’ont pas de moyens de résistance.
Environ 200 millions mobilisés depuis 2017
Face à cette situation, l’année dernière, les évêques ont donné leur quitus pour rendre le fonds opérationnel afin qu’il puisse « intervenir concrètement sur le terrain dans le cadre d’actions qui rentrent dans la réaction aux alertes précoces ». Mais pour agir efficacement, selon le père Constantin, il faut une structuration qui aille « jusque dans les communautés chrétiennes de base, dans les villages, dans les paroisses ».
Le père Séré précise que, « pour l’instant, si le fonds doit intervenir, ce sera dans un des domaines les plus sensibles comme la sécurité alimentaire » en cas de catastrophe ou « à cause de la crise sécuritaire que connaît notre pays ». Toutefois, rappelle-t-il, le Fcsad contribuera globalement à la pastorale sociale de l’Église car, « au fur et à mesure que le fonds va grandir, il va s’intéresser à l’éducation et à la santé ».
Depuis son lancement, il a pu récolter environ 200 millions de F CFA (306 000 €). Alors que les défis sont importants, le fonds catholique Alfred Diban peine à mobiliser davantage de ressources nécessaires à sa mission. Trois raisons « essentielles » expliquent cette situation, selon son gestionnaire : la nouveauté du fonds, sa structuration et la mentalité des chrétiens.
« Les fidèles doivent assumer eux-mêmes cette mission de charité »
Dans plusieurs diocèses en effet, les fidèles ne connaissent pas encore ce fonds, malgré les efforts de communication déployés par l’Église. « La communication autour de ce fonds, son utilité et son utilisation est assez faible ou insuffisante, tout comme celle sur la semaine de campagne nationale », estime Arsène Sawadogo un fidèle de Ouagadougou, la capitale, qui assure avoir eu connaissance du fonds qu’en 2020.
D’autres fidèles pensent que le fonds a été mis en place pour la cause en béatification d’Alfred Diban, le « patriarche des chrétiens burkinabè », du fait de l’attribution de son nom. D’autant plus que, c’est une prière à Alfred Diban qui est proposée dans le cadre de la semaine de campagne. Sans être l’objectif défini, « tout cela concourt forcément à faire avancer la cause de béatification du patriarche », relativise le père Constantin Séré.
Longtemps tributaire de l’aide des Églises sœurs, le responsable du Fcasd exhorte les fidèles du Burkina Faso à se convaincre de leur obligation à « assumer eux-mêmes cette mission de charité » qui complète les autres missions de l’Église famille.
(1) L’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (Ocades Caritas Burkina) est née d’une volonté des Évêques du Burkina d’adapter leur instrument de pastorale sociale aux interpellations, à l’environnement local et international, aux valeurs et aux principes de l’engagement de l’Église Famille de Dieu au Burkina Faso pour le Développement et la Solidarité.
Crédit: Lien source