Burkina Faso : Quand la lutte contre le terrorisme devient une chasse aux opposants


Le ministère de la Sécurité du Burkina Faso a publié, lundi 1er avril, une liste de 32 personnes activement recherchées pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Parmi elles figurent des jihadistes notoires, mais aussi des journalistes, des lanceurs d’alerte et des hommes politiques, suscitant de vives réactions.

C’est sur sa page Facebook que le ministère a diffusé un trombinoscope estampillé « Avis de recherche », incluant notamment Jafar Dicko, chef du groupe jihadiste Ansarul Islam, mais aussi le journaliste Ahmed Newton Barry, l’ancien maire de Dori, Ahmed Aziz Diallo, et le lanceur d’alerte Naïm Touré. Une démarche qui interroge sur les véritables intentions du pouvoir.

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Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire au pouvoir, justifie cette publication en évoquant « des ennemis de l’intérieur et de l’extérieur ». « Aujourd’hui plus que jamais, les apatrides, les ennemis de la nation sont très actifs. Nous les attendons de pied ferme et nous serons impitoyables », a-t-il déclaré.

Une tentative de musellement de la critique ?

Si la présence de figures terroristes sur cette liste ne surprend pas, l’inclusion de journalistes et d’opposants politiques alimente les soupçons d’une manœuvre politique visant à étouffer les voix dissidentes. Ahmed Newton Barry, exilé, dénonce une opération de diversion. « L’objectif, c’est de nous diffamer au point de nous faire taire », affirme-t-il, pointant la recrudescence des attaques contre les forces armées burkinabè ces dernières semaines. Des organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, ont condamné cette initiative, estimant qu’elle s’inscrit dans un climat de répression croissante instauré par la junte.

Un climat de tension grandissant

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Depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2022, le capitaine Traoré s’est engagé à lutter contre les groupes jihadistes qui sévissent dans le pays. Toutefois, les attaques terroristes continuent de faire de nombreuses victimes, tandis que des arrestations de civils et des restrictions de liberté se multiplient. Face à ces développements, la publication de cette liste risque d’aggraver la polarisation politique et de renforcer la méfiance à l’égard du régime en place. Entre lutte contre le terrorisme et dérive autoritaire, le Burkina Faso semble à un tournant décisif.

Afriksoir

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