CAAP 17 / S.E.M. Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD CONGO : « L’Afrique a besoin (…)

Son Excellence Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la République démocratique du Congo, invité d’honneur de la XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, le 10 mars 2025 au Conseil supérieur du Notariat. © Hady Photo/APP – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR

Pour son développement et le financement des investissements, le Continent se doit de diversifier ses économies et d’améliorer le climat des affaires. La RD CONGO pourrait en être un parfait exemple, une fois la paix retrouvée dans l’est du pays. Voilà l’urgence soulignée par S.E.M. Émile NGOY KASONGO en ouverture de la XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris.

.

par Bruno Fanucchi pour AfricaPresse.Paris
@africa_presse

.

Quel est le bien le plus précieux dont l’Afrique a besoin pour assurer son développement économique et exploiter les ressources minières dont elle regorge ? Invité d’honneur de la XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CAAP), qui s’est tenue le 19 mars dans les salons parisiens du Conseil Supérieur du Notariat, Son Excellence Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la République démocratique du Congo (RDC) y a répondu franchement : « C’est restaurer et préserver la paix ». Et l’actualité de ces dernières semaines, avec l’incursion armée du M23 dans tout l’est du pays, lui donne cruellement raison.

Au terme de son intervention à la tribune, le diplomate congolais a attiré avec solennité et émotion l’attention de la Conférence sur « le drame humain majeur qui est en train de se jouer » dans son pays, agressé par un pays voisin – le Rwanda – « qui a décidé de manière illégale et en violation du droit international de violer l’intégrité territoriale de la RD Congo pour piller et exploiter ses ressources » que sont l’or, le lithium, l’uranium, le cobalt – dont elle est le premier producteur mondial, etc.

SEM Émile NGOY KASONGO durant son allocution. À sa droite : M. Alfred MIGNOT, producteur et modérateur des CAAP, Directeur-fondateur AfricaPresse.paris ; Mme Joly ANDRES, Directrice adjointe chez Engie, membre de la Commission Afrique des CCE (Conseillers du Commerce extérieur de la France) ; M. Zied LOUKIL, Partenaire associé chez Forvis Mazars et responsable Afrique ; M. Foulo BASSE, Directeur général de la Fondation Brazzaville. À la gauche de Son Excellence : M. Samuel GOLDSTEIN, Meridiam, Directeur du Développement Afrique ; Mme Siby DIABIRA, IFC/Banque Mondiale, Responsable Ouest Europe ; M. Philippe BOZIER, Partenaire Forvis Mazars, Responsable Financement de projets. © Hady Photo/APP – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR

.

« Comme l’Afrique a besoin avant tout de la paix, la RD Congo a juste besoin de paix », martèle-t-il, en saluant la résolution 2773 votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations Unies le 21 février 2025, qui a clairement condamné l’agression du M23, soutenu par les formes armées rwandaises, et exigé le retrait immédiat de celles-ci des villes de Goma et de Bukavu ainsi que de tout le Nord et le Sud Kivu.

Dans la foulée de cette résolution importante, il invite à son tour la communauté internationale à « renforcer les sanctions » contre Kigali pour inciter le régime du président Kagamé à « retirer ses troupes de la RDC ». Car toutes ces ressources minières, dont l’exploitation ne peut se faire de manière illégale, souligne-t-il, doivent profiter au développement non seulement de la RD Congo, mais de toute la région des Grands Lacs !

« L’histoire de l’Ukraine et de la RDC, aujourd’hui, c’est le même standard », conclut l’Ambassadeur Émile NGOY KASONGO, « car nos deux pays sont victimes l’un et l’autre d’une agression caractérisée de leur voisin. » Les choses sont clairement dites et rappelées.

Une vue des participants à la XVIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris. © Hady Photo.APP – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

.

« La RDC est
un scandale géologique »

« L’Afrique est un continent riche en ressources naturelles, confrontée à de nouveaux défis », à commencer par « le défi essentiel du financement », avait longuement expliqué l’Ambassadeur en ouverture de son propos puisque la croissance d’un pays comme la RDC est liée en grande partie aux investissements qui y sont réalisés et donc aux capacités de financement de ses priorités de développement que sont par exemple les infrastructures. Dans ce secteur clé de l’économie, « le manque de financement freine le commerce et l’accès aux services essentiels », fait-il ainsi observer.

D’où la nécessité d’« améliorer le climat des affaires » pour démultiplier l’attractivité du pays et attirer le maximum d’investisseurs étrangers, en toute sécurité physique et juridique. Et la RD Congo ne manque pas de sérieux atouts à ce sujet. Faut-il rappeler par exemple qu’avec plus de 105 millions d’habitants, dont 13 millions pour la seule capitale Kinshasa, la RD Congo est aujourd’hui le plus grand pays francophone au monde et représente à l’évidence un marché très important ?

« La RD Congo est un scandale géologique », se plaît à rappeler Son Excellence pour mieux souligner que les richesses minières de son pays attisent les convoitises. Mais une médaille a toujours son revers et le développement économique et social de la RD Congo « dépend en grande partie du prix de ces matières premières sur les marchés internationaux » et l’on sait que ces prix sont souvent très fluctuants et volatiles en raison notamment du contexte géopolitique international, sérieusement bousculé ces derniers temps.

« Cette instabilité montre la nécessité de diversifier les économies africaines », ajoute-t-il aussitôt, en soulignant la nécessité de trouver des solutions pour améliorer l’indépendance économique de chaque pays du Continent. Est-il par exemple normal qu’en RD Congo « 60 % des produits alimentaires soient importés » ? Le pays étant le deuxième plus vaste du Continent, après l’Algérie, il devrait logiquement se suffire à lui-même, en termes notamment d’auto-suffisance alimentaire.

La photo de famille des panélistes. De gauche à droite : M. Foulo BASSE, Directeur général de la Fondation Brazzaville ; M. Zied LOUKIL, Partenaire associé chez Forvis Mazars et responsable Afrique ; Mme Joly ANDRES, Directrice adjointe chez Engie, membre de la Commission Afrique des CCE (Conseillers du Commerce extérieur de la France) ; M. Samuel GOLDSTEIN, Meridiam, Directeur du Développement Afrique ; M. Alfred MIGNOT, producteur et modérateur des CAAP, Directeur-fondateur AfricaPresse.paris ; SEM Émile NGOY KASONGO, Ambassadeur de la RD CONGO à Paris ; Mme Siby DIABIRA, IFC/Banque Mondiale, Responsable Ouest Europe ; M. Rémy RIOUX, DG de l’AFD ; M. Étienne GIROS, Président du CIAN ; Me Pierre Jean MEYSSAN, Premier Vice-Président du Conseil supérieur du Notariat ; M. Philippe BOZIER, Partenaire Forvis Mazars, Responsable Financement de projets. © Hady Photo/APP – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR

.

« Il nous faut tenir compte
des besoins des PME »

Son Excellence s’évertue à donner quelques pistes utiles non seulement à la RD Congo, mais à toute l’Afrique. « Il nous faut tenir compte des réalités locales et des besoins des PME, dont l’accès au financement reste extrêmement limité alors qu’elles sont le moteur de l’économie, mais restent bien souvent confrontées à un manque de garanties, à des taux usuriers et à une absence de services bancaires adaptés » tant il est vrai qu’en Afrique « 80 % des banques sont des banques étrangères ».

Pour changer la donne économique et améliorer le financement de l’Afrique, l’ambassadeur de RD Congo souligne encore la nécessité de pousser l’entrepreneuriat et le secteur privé qui « doivent être soutenus » car ils représentent la principale source de « créations d’emplois » dans des pays où le chômage – des jeunes notamment – atteint parfois des taux très importants et inquiétants. « La digitalisation représente également un défi et une opportunité », remarque-t-il encore en appelant tous les opérateurs économiques à « renforcer les infrastructures numériques et l’inclusion financière ».

Dernier volet – et non des moindres – qui ne pouvait être oublié pour que ce rapide panorama soit néanmoins complet : la transition écologique. « Comme la RDC représente 62 % du Bassin du Congo, deuxième poumon du monde après l’Amazonie, rappelle-t-il, nous sommes candidats aux finances vertes » car « la déforestation est pour nous une menace sérieuse ». Mais l’on sait que l’AFD, – dont l’intervention du directeur général, Rémy Rioux, a clôturé cette XVIIe Conférence, – « joue un rôle significatif dans ce domaine ».

À l’image de l’ambassadeur de la RD Congo, tous les Africains ne peuvent que s’en féliciter.

………

> CLIQUEZ ICI pour retrouver tous les REPLAYS (jusqu’au n° 16) et ARTICLES des CAAP. > Le REPLAY de la CAAP 17 sera mis en ligne dans les prochains jours.

◊ ◊ ◊


Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.