Cacao : comment la Côte d’Ivoire fait face au tassement de sa production

Publié le 25 février 2025

Modifié le 26 févr. 2025 à 09h48
Lecture : 3 minutes.

L’ « Opep du cacao » parviendra-t-elle à sortir d’une mauvaise passe dans les mois à venir ? Alors que l’année dernière la Côte d’Ivoire avait fait face à une baisse de sa production de 30 %, et que les cours de l’or brun avaient flambé, la saison 2024-2025 ne s’annonce guère mieux. D’après les autorités ivoiriennes qui s’appuient sur les premières prévisions, la récolte devrait se maintenir à un niveau quasi similaire à celle de l’année dernière.

« C’est la même tendance » que la saison précédente, a affirmé, ce 24 février, le ministre ivoirien de l’Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, sollicité par Reuters. S’il a précisé qu’il était encore trop tôt pour livrer une prévision consolidée, il a assuré que les conditions météorologiques avaient, comme l’année dernière, défavorisé la production de cacao.


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D’après le Business & Human Rights Resource Centre, la culture de la fève de cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial devant le Ghana, contribue au PIB national à hauteur de 15 à 20 %. Le secteur assurerait la subsistance de pas moins de 6 millions de personnes dans le pays.

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Selon des analystes du secteur, la prévision de récolte ivoirienne pour cette saison atteindrait 1,80 million de tonnes contre 1,76 million la saison dernière. Des chiffres corroborés par le ministre ivoirien de l’Agriculture.

Les difficultés ivoiriennes s’inscrivent dans une tendance de baisse mondiale de la production, le volume global ayant enregistré une diminution entre la campagne 2020-2021 (5,2 millions de tonnes) et la campagne 2023-2024 (4,2 millions de tonnes), selon les chiffres de l’Organisation internationale du Cacao (ICCO, pour International Cocoa Organization en anglais).

Selon la même source et sur la même période, la production africaine d’or brun est passée de 4 millions à 3,1 millions de tonnes. L’infographie ci-dessous donne à voir la part plus que massive que prend, dans cette baisse, celle qui a été observée en Côte d’Ivoire mais aussi, dans une moindre mesure, au Ghana. Sachant que, pour la campagne en cours (2024-2025), le recul devrait être bien plus marqué côté ghanéen que côté ivoirien.


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Cette baisse de la production dans les deux pays qui font figure de « locomotives » du secteur cacao est l’un des facteurs, avec la relative stagnation de la demande de chocolat et la faiblesse des stocks d’or brun au niveau mondial, qui joue sur les cours de la fève sur les marchés internationaux.

Entre janvier 2024 et janvier 2025, la tonne de cacao est ainsi passée d’environ 4000 euros à un peu plus de 10 000 euros. Une volatilité, habituelle sur le cacao mais exacerbée ces derniers temps, qui reflète une certaine nervosité parmi les principaux acteurs – très majoritairement européens et asiatiques – de l’industrie cacaoyère.


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Conséquence du dérèglement climatique

Si le vieillissement des plants et les maladies expliquent en partie les récoltes décevantes, le réchauffement climatique, en rendant imprévisibles les niveaux de précipitations et les variations de températures, a aussi un fort impact négatif.

Malgré ce constat pessimiste, Kobenan Kouassi Adjoumani a mis en avant le fait que les pluies récentes dans le pays permettraient d’espérer une meilleure récolte intermédiaire d’avril à septembre, après la récolte principale d’octobre à mars.

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Le ministre a aussi rappelé que la Côte d’Ivoire a engagé, depuis plusieurs années, des mesures pour lutter contre les effets du dérèglement climatique et les maladies touchant les plantations, en misant notamment sur la replantation et l’agroforesterie. Cette dernière consiste à introduire des haies ou des arbustes au sein des parcelles agricoles notamment pour améliorer la fertilité des sols.

Dernier enjeu aux lourdes conséquences sur la production ivoirienne : le trafic illégal vers les pays frontaliers, notamment la Guinée et le Liberia. Sur la saison dernière, ces exportations frauduleuses auraient représenté environ 200 000 tonnes de cacao.

Dernièrement, Abidjan a pris des mesures plus fortes pour lutter contre la contrebande. Ainsi, le pôle financier du tribunal d’Abidjan a désormais la compétence pour poursuivre les trafiquants de cacao, prenant le relais des magistrats des tribunaux locaux et accélérant les mises en accusation.

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