Cameroun : Au bord du gouffre, le régime manœuvre pour verrouiller l’élection présidentielle de 2025
Le paysage politique camerounais est en ébullition à 15 mois de l’élection présidentielle de 2025. Alors que les citoyens camerounais espèrent un changement, le gouvernement en place, dirigé par Paul Biya au pouvoir depuis 1982, veut verrouiller le processus électoral.
En effet, ce 5 juillet 2024, une décision inattendue est tombée : le bureau de l’Assemblée nationale a prolongé de 12 mois le mandat des députés et des conseillers municipaux. Cette mesure repousse les élections locales à 2026, soit après la présidentielle prévue en 2025. Un calendrier qui n’est pas sans rappeler les stratégies électorales passées du régime.
Cette décision qui s’inscrit dans une série de modifications du code électoral, incluant l’introduction du vote obligatoire, la modification des modalités des contentieux électoraux, et l’augmentation du nombre de députés à l’Assemblée nationale, suscite l’indignation de l’opposition et l’inquiétude de nombreux citoyens qui aspirent au changement.
Disqualification des principaux opposants
Ces changements sont perçus comme une tentative de disqualification de plusieurs candidats de l’opposition, notamment Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Arrivé deuxième lors de l’élection présidentielle de 2018 avec 14,23% des voix, derrière Paul Biya (71,28%), Kamto représente une menace sérieuse pour le régime actuel. Sa campagne pour l’inscription des jeunes sur les listes électorales pourrait être compromise par le report des élections législatives et municipales.
Cabral Libii, autre candidat sérieux et troisième lors de l’élection présidentielle de 2018 avec 6,28% des voix, pourrait également se voir écarté du scrutin de 2025. Bien qu’il soit présent à l’Assemblée nationale et dans les conseils municipaux, il fait face à une contestation interne de la part de Robert Kona, un des fondateurs de son parti, le PCRN. Cette fronde interne, actuellement devant les tribunaux, pourrait l’empêcher de se présenter si elle n’est pas résolue à temps.
L’élection présidentielle de 2025 est présentée comme un tournant majeur en raison de l’âge avancé de Paul Biya, qui aura 92 ans au moment du scrutin. Pour de nombreux politologues et acteurs politiques, le report des élections et les modifications du code électoral ne sont pas une surprise, compte tenu des antécédents du régime en place depuis le retour du multipartisme en 1991.
L’élection de 2025 revêt une importance particulière. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, aura 92 ans au moment du scrutin. Pour l’opposition, c’est peut-être l’ultime chance de réaliser l’alternance tant attendue par une grande partie de la population.
La tension est palpable dans le pays. Une majorité de Camerounais aspire au changement, mais le pouvoir semble déterminé à garder le contrôle. Le Cameroun s’achemine-t-il vers une crise politique majeure ? L’avenir du pays se jouera sans doute dans les mois à venir.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
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