Depuis deux semaines, les autorités camerounaises ont procédé à la fermeture de plusieurs dizaines d’églises dites de réveil à Yaoundé, la capitale. Officiellement, cette décision vise à assainir un secteur où certaines structures religieuses fonctionnent sans autorisation et génèrent des nuisances sonores. Toutefois, cette vague de fermetures suscite un vif débat au sein de la population et des responsables religieux.
Selon les autorités locales, de nombreuses églises opèrent dans l’illégalité, ne respectant pas les normes en vigueur. L’État dénonce des établissements religieux installés dans des zones inadaptées, sans reconnaissance officielle et causant des troubles dans les quartiers. Cette initiative s’inscrit ainsi dans un effort de régulation, visant à garantir un meilleur cadre de vie aux riverains. « Ces églises ne sont pas enregistrées et ne respectent pas les règles de sécurité et d’ordre public. Certaines occupent des bâtiments inappropriés et provoquent des nuisances pour les habitants », explique un responsable municipal.
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Les responsables des églises concernées dénoncent une mesure arbitraire et discriminatoire. Pour eux, cette opération cible injustement les lieux de culte alors que d’autres établissements, tels que les bars, continuent de fonctionner malgré les nuisances qu’ils génèrent. Didier Ahanda, pasteur à Mimbomam, l’un des quartiers touchés, exprime son désarroi : « Mon église est complètement fermée, les chrétiens sont à la maison et moi aussi. L’État s’attaque à l’église comme si elle était responsable de tous les problèmes du pays. »
Delors Ango, évêque de la Native Église Baptiste du Cameroun, abonde dans le même sens : « Il est rare que les gens se plaignent du bruit d’un bar auprès du sous-préfet, mais les églises, elles, sont constamment dénoncées. Pourquoi cette différence de traitement ? »
Dans les quartiers concernés, les avis sont partagés. Certains habitants saluent l’initiative des autorités, estimant que ces églises perturbent leur quotidien en diffusant des chants et des prêches à haut volume à toute heure. D’autres, en revanche, y voient une atteinte à la liberté de culte et dénoncent une campagne excessive contre des lieux de prière qui jouent un rôle social important dans les communautés. « Je comprends la nécessité d’un cadre légal, mais certaines églises ferment sans même avoir eu l’opportunité de se régulariser », déplore un fidèle.
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Face aux critiques, les autorités assurent que les églises concernées auront la possibilité de se conformer à la réglementation et de rouvrir si elles remplissent les conditions requises. Cependant, aucune échéance claire n’a été annoncée, laissant planer l’incertitude sur le sort de ces lieux de culte. En attendant, cette vague de fermetures alimente un débat plus large sur la place et la régulation des églises de réveil au Cameroun, un pays où la foi joue un rôle central dans la vie quotidienne de nombreux citoyens.
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