Cameroun : Le Barreau s’oppose à la restriction de liberté de mouvement à Yaoundé, dénonçant une grave atteinte aux droits fondamentaux

© Koaci.com – samedi 20 juillet 2024 – 07:03

Me Mbah Eric Mbah bâtonnier (Ph)

Le Conseil de l’Ordre des avocats du Cameroun s’élève vigoureusement contre l’arrêté récemment promulgué par Emmanuel Mariel Djikdent, préfet du Mfoundi, restreignant drastiquement la liberté de circulation à Yaoundé pour les critiques du régime. Dans une missive adressée au préfet le 17 juillet, le bâtonnier Me Mbah Eric Mbah exige l’annulation immédiate de cette mesure, qu’il qualifie d’anticonstitutionnelle et de profondément attentatoire aux libertés individuelles.

Me Richard Tamfu, avocat au Barreau du Cameroun, souligne que cette démarche constitue un recours gracieux, première étape d’une potentielle bataille juridique. Si le préfet persiste dans sa décision après un délai de trois mois, le Conseil de l’Ordre n’hésitera pas à saisir la justice administrative, prêt à mener un combat judiciaire de longue haleine pour défendre les droits des citoyens.

Le bâtonnier argue avec force que l’arrêté préfectoral bafoue ouvertement les droits fondamentaux garantis par la Constitution camerounaise. Il rappelle que le préambule de la Constitution consacre explicitement le droit de tout citoyen à se déplacer librement sur l’ensemble du territoire national, sous la seule réserve du respect de l’ordre public. Cette restriction arbitraire de mouvement, ciblant spécifiquement les opposants politiques, constitue donc une violation flagrante de ce principe constitutionnel.

Cette contestation s’appuie sur un précédent juridique significatif. En 1970, un arrêté comparable, édicté par le préfet du Ntem dans la région du Sud et interdisant à un citoyen de séjourner dans cette zone, avait été invalidé par le juge administratif. Ce précédent renforce la détermination du Barreau à faire annuler la mesure actuelle.

L’imposition de telles restrictions de mouvement risque d’exacerber les tensions sociales et politiques déjà palpables au Cameroun. En ciblant spécifiquement les critiques du régime, cette mesure pourrait engendrer une polarisation accrue de la société, alimentant un climat de méfiance et de division. De plus, elle pourrait inciter à la désobéissance civile, poussant certains citoyens à braver délibérément ces restrictions qu’ils jugent illégitimes, ce qui pourrait conduire à des confrontations avec les forces de l’ordre.

 

Le Barreau camerounais se dit résolu à entreprendre toutes les actions nécessaires, pour préserver les valeurs républicaines d’unité et d’intégration. Il souligne l’importance cruciale de garantir à tous les Camerounais le droit de vivre dans un pays apaisé, où les libertés individuelles sont pleinement respectées, indépendamment des opinions politiques.

Cette affaire met en lumière la tension croissante entre le pouvoir en place et les voix dissidentes au Cameroun, ainsi que le rôle crucial du système judiciaire et des organisations de la société civile dans la défense de l’État de droit et des libertés fondamentales.

Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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