Cameroun : près de la moitié de la population vit dans la pauvreté

Des enfants au Cameroun

Le sable et la poussière deviennent de la boue, les sourires se dessinent, un nouveau forage est un moment d’euphorie. L’objectif est de fournir au moins 15 litres d’eau par jour et par personne dans la région, en multipliant les points d’eau, tout en veillant à leur entretien.

Les principaux résultats de la 5e enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 5), publié ce 24 avril par l’Institut national de la statistique (INS), présentent une économie camerounaise résiliente, mais confrontée à une pauvreté persistante et à une vulnérabilité accrue des ménages face aux divers chocs auxquels ils sont exposés. Alors que le taux de croissance économique moyen s’est établi à 2,6 % sur la période 2020-2023, le taux de pauvreté, lui, se situe encore à 38,6% en 2021-2022. Comparé à l’objectif de 30,8% fixé pour la Stratégie nationale de développement (SND-30) dont la mise en œuvre couvre la période 2020-2030, il y a près de 8 points d’écart à résorber. En comparaison avec les chiffres d’ECAM 4 réalisée en 2014 et dont les résultats avaient été publiés avant l’élection présidentielle de 2018, il y a 2 millions de pauvres de plus qu’il y a 10 au Cameroun, compte non pris d’une éventuelle aggravation de la situation liée aux crises intervenues dans le monde entre 2021-2022 et 2024, à l’instar du Covid-19, de la guerre russo-ukrainienne, du conflit en cours dans le Moyen-Orient entre Israël et le Hamas, etc., dont les répercussions au Cameroun se manifestent principalement à travers une inflation record autour de 7,5% en 2023.

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Dans le détail, en 2022, près de 2 personnes sur 5, soit 37,7%, vivent en dessous du seuil national de pauvreté estimé à 813 Fcfa par personne et par jour. Avec ce seuil, ce sont en effet 10 millions de personnes qui vivent dans la pauvreté en 2022, pour une population totale estimée à environ 27 millions d’habitants. « Cette situation s’explique par une série de facteurs, notamment, une croissance économique insuffisante, les distorsions liées à la redistribution des richesses, ainsi que les différents chocs endogènes et exogènes liés au conflit russo-ukrainien et les fluctuations des cours mondiaux », relève l’enquête. Sur le plan spatial, la pauvreté est plus répandue en milieu rural où l’incidence est de 56,3%, tandis que le milieu urbain enregistre une incidence beaucoup plus faible, estimée à 21,6%. Les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest, du Nord, de l’Adamaoua et l’Est apparaissent comme les plus pauvres, avec des niveaux de pauvreté supérieurs à la moyenne nationale. Quant aux inégalités de consommation, elles demeurent à un niveau élevé, car les 20% des ménages les plus riches ont une consommation 10 fois supérieure à celle des 20% des ménages les plus pauvres.

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Comme mentionné supra, l’analyse des tendances de 2014 à 2021 montre une augmentation du taux de pauvreté, qui passe de 37,5% à 38,6% sur cette période, s’écartant ainsi de la cible de 30,8% retenue dans la SND-30. « Cette évolution est plus marquée en milieu urbain où le taux de pauvreté affiche une hausse plus significative, passant de 8,9% en 2014 à 16,5% en 2021 », note l’INS. Il est à relever cependant, entre autres indicateurs qui s’améliorent certes encore modestement, une progression dans l’accès aux installations sanitaires améliorées et non partagées, avec un taux d’accès de la population de 47,7% en 2022 contre 40,4% en 2014. Au niveau des services sociaux de base, l’INS note, en ce qui concerne l’accès à une source améliorée d’eau de boisson, que des progrès encourageants ont été enregistrés. « 4 personnes sur 5 ont désormais accès à une telle source, que ce soit pendant la saison sèche (81,9%) ou la saison des pluies (80,6%), comparativement à 76,7% en 2014. Cependant, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir un approvisionnement en eau propre à la consommation pour l’ensemble de la population », suggère le rapport.

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Dans le domaine de l’inclusion financière, ECAM 5 constate également que des avancées significatives ont été réalisées, avec 45,7% de personnes âgées de 15 ans ou plus détenant un compte dans une institution financière, utilisant le mobile money ou disposant d’une carte prépayée en 2022. « L’utilisation du service mobile money a particulièrement augmenté, passant de 29,9% en 2017 à 42,7% en 2022 pour l’ensemble de la population âgée de 15 ans ou plus ». S’agissant de l’accès à l’électricité, bien que la proportion de la population y ayant accès ait légèrement augmenté pour se situer à 60,2% contre 58,4% en 2014, des disparités significatives persistent entre les zones urbaines (87,6%) et rurales (28,4%). De plus, ajoute l’Institut national de la statistique, l’utilisation des énergies propres pour la cuisson reste faible, avec seulement 23,4% de la population utilisant des énergies propres en 2022.  S’agissant de l’hygiène et salubrité, la gestion saine des ordures ménagères reste un défi majeur, avec seulement 39,4% de la population évacuant leurs déchets de manière adéquate.

En réaction à ces résultats préoccupants, ECAM 5 formule des suggestions pour renforcer la mise en œuvre de la SND-30, tout en atténuant les chocs (par la réduction de leur risque de survenance ou l’assistance des personnes victimes) susceptibles d’aggraver la pauvreté. Ceci passe, notamment, par l’accélération des projets d’infrastructures économiques et des programmes de renforcement des capacités de résilience des populations, afin de soutenir les ménages vulnérables.

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