Dans la troisième partie de l’entretien qu’il a accordé en exclusivité à Afrik-Foot, l’international ivoirien Jean Michaël Seri a livré des confidences inédites sur le sacre des Eléphants à la CAN 2023 à domicile.
Après ses confidences mercato sur le fait qu’il aurait pu revenir en France, ses déclaration sur la CAN 2025 et son envie de remettre ça au Maroc, Jean Michaël Seri a accepté de rembobiner le fil du sacre à la CAN 2023. De sa place de remplaçant avec Jean-Louis Gasset, aux mots d’Emerse Faé en finale en passant par sa formidable résurrection qui a accompagné celle des Eléphants, le milieu d’Al-Orobah n’a éludé aucun sujet. Et ses propos valent le détour.
Entretien réalisé par A.P.
Racontez-nous cette CAN 2023 à domicile, avec la victoire finale. Qu’avez-vous ressenti ? Que retenez-vous ?
C’était quelque chose d’inimaginable d’abord. C’est le premier mot qui me vient quand je veux décrire ce que nous avons vécu. Qui eut cru que la Côte d’Ivoire allait se retrouver dans une position où elle dépendrait des résultats des autres en étant à domicile ? Inimaginable. Après, c’est arrivé, et quand la deuxième opportunité nous a été donnée, on s’est dit qu’il fallait changer les choses. C’est ce qui a été fait, avec le changement de staff, de joueurs. Ça a redonné confiance à beaucoup de joueurs. Ça a vraiment amené un vent nouveau à l’effectif. Beaucoup de choses positives sont arrivées lorsque nous avons su que nous avions une deuxième chance. Il ne fallait pas se rater.
Comme je l’ai dit, c’était bien de tomber sur le Sénégal en 8e de finale. Quand tu rencontres un gros, l’un des favoris de la compétition, ça te donne une confiance exceptionnelle. C’est le déclic. Les gens peuvent parler du Mali, mais il faut aller en profondeur. Le Sénégal nous donne une assurance exceptionnelle. On aurait pu s’enfoncer dans une forme de suffisance si on avait joué un autre adversaire en sortant des poules. En quarts, on était sur la lancée du Sénégal. Les demi-finales, c’était une formalité. Sans prétention aucune, on se disait qu’on n’avait pas fait tout ça pour sortir contre la RD Congo. Mais, à ce stade de la compétition, tout le monde veut et peut aller au bout. Il faut mettre tout ce que tu as.
“Emerse Faé nous a dit : ‘qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?’”
En finale, le Nigeria a été incapable de nous imposer un rythme, car ils étaient arrivés fatigués de leur parcours sur ce match. On l’a vu rapidement en début de rencontre, ils se sont très vite regroupés derrière. Et c’est dangereux contre une équipe à domicile, avec le public derrière elle. Même quand on a pris le premier but, le coach nous a dit : « qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Vous jouez bien, donc continuez comme ça, ça va venir ». Et c’est ce qui s’est passé. Voilà un peu le résumé de ce qu’on a vécu. Pour moi, vraiment, c’était une CAN exceptionnelle. Je ne sais pas si un pays pourra rééditer une CAN pareille. Je ne pense pas. De meilleur 3e à vainqueur de la CAN, c’est inimaginable, exceptionnel.
Comment avez-vous vécu votre changement de statut à titre personnel, de remplaçant en poules à titulaire indiscutable lors des matches couperets ?
Pour être honnête, il y a eu des moments très très difficiles, je ne vais pas le cacher. Je voyais que l’équipe avait besoin d’équilibre, notamment au milieu et le coach (Jean-Louis Gasset, ndlr), lui, s’entêtait un peu à vouloir reconduire la même équipe. Or, il fallait changer. Je mets ça aussi sur le compte de l’inexpérience dans une compétition africaine, c’était sa première. C’était frustrant. Mais pendant une compétition, on le sait, tout peut changer. Moi, je me tenais prêt, je m’entraînais bien pour pouvoir être prêt à faire la différence quand j’allais être amené à le faire.
“Juste avant le Sénégal, j’ai vraiment mal dormi”
Juste avant le match contre le Sénégal, la veille, j’ai vraiment mal dormi. Je savais que j’allais débuter ce match. Je me disais que je ne pouvais pas passer à côté. C’était ça qui revenait. Je n’ai pas joué de toute la phase de poules, là, il faut que je fasse le job. Après, je me suis dit, “les coéquipiers ont besoin de moi”. Le lendemain, à la sieste avant la rencontre, j’étais encore dans cet état-là. Je n’ai pas réussi à dormir. C’était une expérience incroyable. J’ai eu la chance de faire un bon match, j’ai eu des crampes en prolongations. Mais Dieu m’a fait la grâce, j’ai été élu homme du match et tout s’est bien passé.
S’il n’y avait qu’une image à retenir de cette CAN, quelle serait-elle ?
Je dirais le match contre le Nigeria, en finale. Certains diront contre le Mali, à cause du contexte, de la manière dont on a gagné. Mais moi, je dirais la finale. Quand vous faites une compétition, ce qu’il faut retenir, c’est la finale, ce match qui t’apporte un titre. Il ne faut pas oublier qu’on est mené. Très souvent les finales sont très serrées, terminent par des prolongations ou des tirs au but, nous on a réussi à l’emporter dans le temps réglementaire. C’est exceptionnel ce qu’on a fait ! Je dirais la finale !
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