En réponse au texte d’opinion L’université de l’émergence de Jean-Claude Larocque, paru le 7 avril. Votre attachement sincère à votre alma mater est touchant et reflète une réalité que nous partageons: l’Université de Moncton a été pour plusieurs générations un tremplin vers l’épanouissement personnel et collectif. Nous ne remettons aucunement cela en question.
Mais vous soulevez des inquiétudes légitimes que j’aimerais aborder avec respect.
Tout d’abord, personne ne cherche à «dévaloriser» ce qui a été accompli jusqu’à maintenant. Au contraire, ceux et celles qui proposent un changement de nom le font précisément par amour pour cette institution, dans l’espoir qu’elle puisse incarner encore mieux les valeurs, l’identité et l’avenir de la communauté acadienne dans toute sa diversité.
Le débat sur le nom ne nie pas les accomplissements passés. Il cherche à les honorer tout en réfléchissant aux symboles que nous choisissons de porter ensemble. Ce n’est pas une rupture, mais une évolution.
Concernant les impacts logistiques et financiers, ces considérations sont bien réelles, et elles sont prises au sérieux. Mais elles ne doivent pas empêcher une communauté d’engager une réflexion de fond.
De nombreux établissements dans le monde ont réussi ce type de transition avec succès, en le faisant graduellement, de manière réfléchie et inclusive, sans renier leur passé.
Un diplôme obtenu sous l’ancien nom ne perd jamais sa valeur – au contraire, il témoigne d’un parcours qui a contribué à construire l’histoire de l’établissement.
Quant à la «fierté d’appartenance», elle ne dépend pas d’un nom figé, mais du lien vivant entre une institution et sa communauté. Une université peut changer de nom tout en renforçant ce lien, en l’ancrant encore plus profondément dans son identité.
Enfin, la décision du conseil d’administration ne met pas fin à la discussion. Une institution publique, surtout universitaire, se doit d’encourager le dialogue, pas de le refermer.
Soyons fiers, oui – mais surtout fiers d’une université qui écoute, qui évolue, qui inspire. Une université de l’émergence, comme vous dites si bien.
Michel Charette
Edmundston
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