Longtemps considérée comme un simple exportateur de bauxite, la Guinée veut désormais jouer dans la cour des grands en misant sur la transformation locale. Avec plus de 140 millions de tonnes de bauxite exportées en 2024, le pays s’affirme comme le deuxième producteur mondial, mais ambitionne de capturer une plus grande part de la valeur ajoutée en intégrant le marché stratégique de l’alumine. Un tournant majeur vient d’être amorcé avec la construction d’une usine de raffinage d’alumine à Boffa par la société chinoise State Power Investment Corporation (SPIC).
L’usine de Boffa représente un investissement colossal de 1,03 milliard de dollars, avec une capacité de production annuelle de 1,2 million de tonnes d’alumine. La mise en service, prévue pour 2028, permettra à la Guinée d’exploiter pleinement ses immenses réserves de bauxite, tout en réduisant sa dépendance aux exportations brutes. L’objectif est clair : s’imposer sur un marché de l’alumine en pleine croissance, estimé à 66 milliards de dollars d’ici 2035.
L’alumine, matière intermédiaire clé dans la production d’aluminium, est actuellement dominée par des raffineries en Chine et en Australie. En s’insérant dans cette chaîne de valeur, la Guinée espère accroître ses revenus miniers, attirer de nouveaux investissements industriels et développer un tissu économique local dynamique autour de la transformation minière. Au-delà des gains économiques, l’usine de SPIC pourrait avoir un impact considérable sur le développement local. L’infrastructure générera des milliers d’emplois directs et indirects, stimulant ainsi l’économie de la région de Boffa.
En parallèle, les besoins en énergie et en logistique liés à ce projet devraient encourager le développement d’infrastructures connexes, comme des routes, des ports et des centrales électriques. Ce projet s’inscrit également dans la volonté des autorités guinéennes de favoriser le contenu local. Le gouvernement exige que les entreprises minières participent davantage à l’industrialisation du pays et à la création de valeur locale.
L’usine de Boffa est ainsi un premier jalon dans une stratégie plus large de diversification du secteur minier guinéen. En investissant dans l’alumine, la Guinée veut rompre avec le modèle de simple fournisseur de matières premières. À terme, l’ambition pourrait aller encore plus loin, avec la création d’unités de production d’aluminium sur place, à l’image de ce que font d’autres géants miniers. Une telle évolution renforcerait l’indépendance économique du pays tout en limitant les fluctuations des prix des matières premières sur le marché mondial.
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