Il y a une vingtaine d’années, Dominique Pasquet et Philippe Valet, deux Parisiens professionnels de la culture (Dominique Pasquet est metteur en scène, Philippe Valet, chef de projet à la Cité des Sciences), cherchent un lieu assez vaste pour y créer leur propre théâtre. « Nous avons des amis dans la région et avons visité de grandes demeures, des anciennes fermes, sans succès », se souvient Philippe. « C’est Pascale, une amie architecte installée à Parthenay, qui nous a orientés vers cette ancienne école, devenue tour à tour cinéma, théâtre puis ateliers communaux, que la mairie cherchait à céder », ajoute Dominique Pasquet.
Il est né et perdure dans la convivialité
Les deux compères ont immédiatement un coup de cœur pour ce site chargé d’histoire. Ils rencontrent alors Luc-Jean Dugas, maire de Cersay à l’époque, qui se montre rapidement séduit par leur projet. « Il nous a fait confiance. » Dominique Pasquet et Philippe Valet acquièrent ainsi en 2005 deux anciennes salles de classe, un théâtre authentique et une grande maison d’habitation à rénover entièrement. « Il manquait des portes, des fenêtres et une cheminée s’était même effondrée sur le toit », raconte Philippe Valet.
Leur amie architecte leur sera d’une aide précieuse dans la réalisation des travaux. « En découvrant ce lieu, je me disais : mon rêve serait d’accueillir des artistes en leur donnant enfin du temps pour créer sereinement. J’ai trop souffert de devoir toujours créer dans l’urgence, parce que le temps coûte cher », confesse Dominique Pasquet.
En 2014, le duo présente sa première pièce : Les Sincères de Marivaux. « Le théâtre était encore dans son jus, avec ses décors peints. On a invité les gens à se joindre à nous pour partager un repas après le spectacle. On leur a dit simplement : si vous voulez, apportez quelque chose. Et la fois suivante, lorsqu’on a rejoué, ils sont revenus en demandant : sucré ou salé ?. »
Ainsi est née cette tradition conviviale des Cerisiers où, après le spectacle, public et artistes se retrouvent autour d’une collation. « On prend soin des artistes, mais aussi du public. C’est essentiel que chacun fasse attention aux autres », souligne Philippe Valet.
Les Cerisiers, c’est aussi une sorte d’auberge espagnole culturelle, où les artistes testent leurs créations en avant-première. « Ici, il y a beaucoup d’avant-premières ! », s’amuse Dominique Pasquet. L’entrée se fait sur simple réservation, libre et ouverte à tous dans la limite des places disponibles. « Cela permet au public de découvrir des univers artistiques qu’il n’aurait pas forcément choisis dans un contexte commercial. Souvent, ils en ressortent séduits », expliquent-ils.
Combien d’années encore ?
Parfois, les réservations s’emballent, comme ce fut le cas pour le spectacle de Mehdi Ouazzani, où les organisateurs ont dû ajouter une séance pour répondre à l’affluence.
Après toutes ces années, la motivation du couple reste intacte, mais la fatigue se fait sentir. Dominique Pasquet est retraité, et Philippe Valet s’apprête à le devenir. « Le théâtre demande beaucoup d’énergie. Sans énergie, tu ne crées rien », confie Dominique Pasquet.
Quand le poids des années se fera trop lourd, le duo passera la main. « On privilégiera des gens de théâtre, de la région, qui adhèrent à notre état d’esprit. » En attendant, les 29, 30 et 31 août 2025, le Théâtre des Cerisiers lèvera le rideau sur une nouvelle création. Et sur la scène, l’histoire continuera de s’écrire…
Crédit: Lien source