Au détour d’une rue de Saint-Pol-de-Léon ou d’une balade au parc du Champ de la Rive, vous rencontrerez peut-être l’un des clichés qu’Albert Pennec y aura disséminé. Sept photographies en ville et 25 dans le parc donnent à voir les « Regards d’ailleurs et d’ici » du photographe landivisien, série d’images prises en Bretagne et à Haïti qu’il a débutée en 1978.
Albert Pennec en raconte la genèse : « Le père Ménard (Saint-Jacques- Guiclan) est arrivé un jour au magasin pour me demander de l’aider à monter une exposition sur Haïti et le Brésil, avec mon épouse Annick. Nous nous sommes rendus à trois reprises en Haïti avec lui pour guide : en 1979, 1982 et 1987. Nous allions visiter les villages, dans les mornes, les bords de mer et aussi dans les villes : Port-au-Prince, Cap Haïtien… Nous nous arrêtions dans les petits villages le soir, nous mangions chez les missionnaires ou en nous débrouillant. »
Albert Pennec a photographié les paysages, les villages, mais surtout les gens dans leur vie de travail, dans les champs, à la pêche, les petits boulots de la ville, les marchands ambulants : les vendeurs de fruits, de légumes, les tap-taps (taxis collectifs), les transports de gens et de marchandises. « Et toujours ce peuple qui est sur la route : il va en ville, revient de la ville, il marche, marche, marche… Le vélo sert à porter les affaires ou le mulet qui porte les charges plus lourdes… Il marche jour et nuit, pauvre, très pauvre mais si digne ! »
Albert Pennec a participé aux fêtes religieuses dans les chapelles, les cathédrales (baptêmes, mariages et obsèques) et les fêtes haïtiennes, les danses, le carnaval, les musiciens et le Vaudou. « Les Haïtiens étaient toujours contents de nous parler, souriants. Les rencontres se font dehors et dans de belles lumières. » L’artiste se souvient aussi avoir été marqué par « la patience des dames sur les marchés qui ne quittent pas leurs étals, assises sur de petits bancs, les articles à même le trottoir. Elles ne bougent pas, juste leurs yeux qui observent. » Devant le portrait d’un homme, le photographe signale : « C’est Philomé Aubin, artiste peintre et sculpteur ». De lui, Albert Pennec et Mano, sa compagne, conservent une œuvre colorée, découpée dans un bidon métallique de 300 litres.
« Le matériel photo évoluait à chaque voyage devenant de plus en plus léger et performant. J’ai fait énormément de photos là-bas, en noir et blanc et en couleur, mais tout ceci en argentique, il fallait faire attention à ne pas gaspiller les pellicules », rappelle le photographe. C’est à partir de clichés argentiques de 24×36 (2,4 cm x 3,6 cm) qu’il a été possible de réaliser des agrandissements géants. « J’en suis émerveillé, quelle technologie quand même ! » Les photographies seront visibles jusqu’au 25 septembre.
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