ce que contient « Le Pouvoir de dire non », le livre de Villepin


Le récent regain de popularité dont bénéficie Dominique de Villepin dans une partie de l’opinion lui donnerait-il des ailes ? En tête de notre baromètre des personnalités politiques en mars 2025, l’ancien Premier ministre a commis un essai intitulé Le Pouvoir de dire non, publié dans la revue Le Grand Continent. Un titre censé raviver le souvenir de son célèbre discours à l’ONU en 2003 contre la guerre en Irak, à l’époque où il régnait en maître au Quai d’Orsay.

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S’il ne mentionne jamais explicitement l’échéance présidentielle de 2027, difficile de ne pas lire dans cet exercice de 48 pages, si ce n’est un programme, une ligne et un projet pour la France et l’Europe. Le texte s’ouvre sur un enchaînement de formules apocalyptiques – une spécialité maison. « Le monde vacille sous le poids de ses propres excès », « Le trumpisme n’est pas la maladie du monde, il en est le symptôme » ou encore « Le climatoscepticisme a cédé la place au climatodéfaitisme, ce mal rampant qui sape les volontés, mine les engagements, désarme les peuples ». Comme il le résume lui-même, Prométhée – celui qui déroba le « feu sacré » sur le char du Soleil pour le donner aux hommes afin qu’ils puissent se défendre – est aujourd’hui épuisé.

À LIRE AUSSI De « Néron » à « Che Guevara » : l’incroyable métamorphose de Dominique de VillepinFort heureusement pour nous, les êtres humains, il existe une issue que Dominique de Villepin se presse de nous dévoiler. Ainsi, face à la course effrénée aux matières premières, à l’épuisement de la mondialisation, aux excès de bureaucratisation, au retour des empires, « nous avons le pouvoir de dire non […] à cet âge de fer où la guerre redevient une méthode ordinaire, à la montée des autoritarismes, à la résignation démocratique ».

« Une concurrence des survivances »

L’ancien secrétaire général de l’Élysée convoque alors son mentor, Jacques Chirac : « Alors que les conférences se succèdent, [son] alerte lancée résonne comme un écho tragique : “Notre maison brûle et nous regardons ailleurs.” […] Et, lorsque la responsabilité collective devient un fardeau individuel, les égoïsmes prolifèrent, écrit-il. Chacun accuse, jalouse, se replie. Ce n’est plus une solidarité du vivant, mais une concurrence des survivances. »

Le diplomate n’est jamais aussi bon et agréable à lire que lorsqu’il décrypte le mouvement des plaques tectoniques du pouvoir mondial. « Nous vivons le paradoxe amer d’une époque où l’impuissance naît de l’excès même de puissance », détaille-t-il. Surtout depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. « L’excès d’attention qu’il réclame et reçoit nous détourne de nos maux essentiels », résume Villepin, qui prévient : « Les peuples, pris dans le tumulte des divisions et les incertitudes, se tournent vers des hommes qui promettent de trancher, d’unifier, de décider. » Avant de conclure, convoquant le sursaut de sa « Veille Europe » : « Nous entrons dans l’âge des nouveaux despotes. Ils ne sont pas tous violents ni même tous cyniques. Mais ils partagent cette même conviction : la liberté est un luxe que le monde d’aujourd’hui ne peut plus s’offrir. »

Dominique de Villepin persiste sur Gaza

Son tableau du XXIe siècle est sombre, renforcé par les illustrations du plasticien allemand Anselm Kiefer. Sur Gaza, Dominique de Villepin prévient : « L’Europe ne peut pas continuer à rester spectatrice muette d’un conflit qui broie les civils et détruit toute perspective de paix. Là encore, les peuples sont traités comme des variables secondaires et la voix européenne reste trop peu audible, faute d’unité, de vision et de volonté politique. » Critiqué par une partie de la classe politique française et adulé par une certaine « gauche amnésique » pour ses prises de position après le massacre du 7 Octobre, Villepin rappelle : « Tant qu’il n’y aura pas de justice pour tous les peuples de la région, y compris les Palestiniens, mais aussi les Libanais et les Syriens, il n’y aura pas de paix durable ni d’ordre véritable au Proche-Orient. C’est ce qui rend les victoires tactiques de Tsahal aussi tragiques que politiquement fragiles. » Des propos salués par la gauche radicale, qui semble avoir complètement oublié son passé à droite, au RPR puis à l’UMP.

Fort heureusement, l’Europe a son rôle à jouer, rappelle-t-il. C’est « l’antidote qui nous permet d’espérer en un monde raisonnablement sûr ». Pour réveiller le Vieux Continent, Dominique de Villepin esquisse quatre volets : un instrument de pilotage pour un élargissement maîtrisé, une consolidation sociale, une compétitivité économique et la croissance et, enfin, la consolidation politique de la démocratie. La méthode Villepin, en somme : du lyrisme et de beaux principes.

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Mais, avant de repenser l’Europe, il est nécessaire, selon lui, de « redresser la République » et de rappeler que « la France ne retrouvera sa place [dans le monde] que lorsqu’elle assumera sa vocation : être une puissance d’équilibre et d’initiative dans toutes les enceintes multilatérales comme dans toutes les zones de crise du monde, autour de trois principes : une diplomatie collective, une diplomatie d’initiative et une diplomatie pacifique ».

Si Dominique de Villepin ne verse pas dans la critique politique ad hominem tout au long des 48 pages du Pouvoir de dire non, l’ancien adhérent du RPR et de l’UMP ne retient pas ses coups contre Bruno Retailleau. Dans une interview en marge de cette publication au cours de laquelle il dénonce le « spectacle d’impuissance » offert par le nouveau ministre de l’Intérieur depuis sa nomination place Beauvau. « Je n’accepte pas de voir un ministre de la République venir devant les Français à la télévision pour ce spectacle d’impuissance et, en plus, celui d’un dysfonctionnement ministériel en mordant les platebandes d’un collègue ou du président de la République. » Une référence à peine voilée au conflit diplomatique qui oppose ces derniers mois la France et l’Algérie.


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