Dans l’indifférence quasi générale, les massacres continuent au Soudan, quinze mois après le début de la guerre. Des violences physiques ciblées à l’encontre de la population du Darfour, des attaques contre des infrastructures médicales, mais aussi des violences sexistes et sexuelles sont dénoncées, dans un rapport, publié par l’association Médecins Sans Frontières (MSF), ce lundi 22 juillet.
Intitulé « une guerre contre la population – Le coût humain du conflit et de la violence au Soudan », le rapport dresse le bilan dramatique de la guerre entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane – les Forces armées soudanaises (FAS) – et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir militaire.
Un conflit que la directrice générale de MSF Vickie Hawkins a qualifié, via un communiqué de presse, de « guerre insensée contre les peuples », ce lundi 22 juillet, appelant à y « mettre un terme », mais également à « faciliter » l’intensification de l’aide humanitaire.
« Des explosions, des coups de feu et des coups de couteau »
Le nombre précis de personnes blessées ou tuées varie selon les sources, rapporte MSF. Mais au sein de l’hôpital « Al Nao d’Omdurman, dans l’État de Khartoum », géré par MSF, 26 personnes par jour en moyenne ont été traitées pour des blessures causées par des violences entre le début de la guerre, le 15 août 2023 et le 30 avril 2024 – les débuts du conflit ont eu lieu à partir du 15 avril 2023 -, soit 6 776 patients.
De manière plus générale, l’ONG révèle avoir traité « des milliers de patients pour des blessures » partout dans le pays, la plupart pour « des blessures causées par des explosions, des coups de feu et des coups de couteau ». Des violences qui ciblent particulièrement le groupe ethnique des Masalit, et d’autres personnes d’ethnies non arabes, a précisé MSF.
Des faits de violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes ont également été rapportés. Ainsi, une enquête de MSF auprès de 135 victimes de violences sexuelles, traitées par leurs équipes entre juillet et décembre 2 023 dans des camps de réfugiés au Tchad, a révélé que, pour 90 % d’entre elles, il s’agissait d’un « auteur armé ». 40 % d’entre elles ont été violées par de multiples agresseurs.
L’ONG a également reçu des témoignages de personnes encore au Soudan. Des violences « perpétrés contre les femmes à leur domicile et le long des itinéraires de déplacement, caractéristique du conflit ». Ainsi, une des personnes suivies par l’association, aurait rapporté à l’organisation des faits qui se seraient déroulés dans la ville de Gedaref, une ville au sud-est du Soudan.
Selon cette personne, son frère, enlevé puis libéré, lui aurait rapporté que deux jeunes filles de son quartier disparues auraient été vues dans la maison où celui-ci était détenu. Celui-ci assure avoir vu les deux filles et dit que « de mauvaises choses » leur auraient été faites. Un euphémisme pour parler d’agressions sexuelles et de viols.
Des infrastructures et le personnel médical visés
En plus de ces violences, MSF a alerté sur le fait que des infrastructures médicales étaient également visées. C’était le cas de l’hôpital Al Nao, soutenu par l’ONG, à Omdurman, à côté de la capitale. « Le centre hospitalier a été bombardé à trois reprises », a indiqué l’association. Dans l’hôpital pédiatrique Baker Nahar, à El Facher (Nord-Darfour), au sein de l’unité de soins intensifs, deux enfants auraient été tués « lors d’une explosion », après l’effondrement du toit, en mai 2 024. L’hôpital a été contraint de fermer.
Il y a un an, en juillet dernier, la Cour pénale internationale (CPI) avait déjà ouvert une enquête pour crimes de guerre, alors que les massacres ethniques à l’encontre de la population de la communauté Masalit avaient commencé à se multiplier, faisant craindre un génocide, particulièrement à El-Geneina.
Puis, il y a un mois, en juin 2024, l’ONU avait appelé à un cessez-le-feu dans la ville assiégée du Darfour El-Facher par les Forces de Soutien rapide. Le secrétaire général Antonio Guterres alertait sur, ce qu’il considérait déjà comme un nouveau tournant « alarmant ».
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