Ce qu’il faut savoir sur les « tiques géantes », présentes dans le sud de la France et vectrices de la fièvre du Congo
Ça n’est vraiment pas ragoûtant, mais ça pourrait aussi être dangereux : si vous habitez ou que vous partez en vacances dans le sud de la France ou en Corse, attention à la « tique géante », présente dans 11 départements du pourtour méditerranéen. Hyalomma marginatum, de son vrai nom, peut atteindre deux centimètres de diamètre. Alors que certains spécimens peuvent être porteurs de la fièvre du Congo ou de la maladie de Lyme, Santé publique France rappelle les mesures de prévention à adopter.
Une tique « chasseuse »
La tique Hyalomma marginatum mesure environ 5 mm de long « à jeun », et peut atteindre près de deux centimètres une fois pris son « repas sanguin », décrit l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Ses pattes rayées la rendent particulièrement reconnaissable.
Contrairement aux tiques ordinaires, Hyalomma marginatum sont des « tiques chasseuses ». Alors que les tiques classiques se positionnent « en hauteur dans la végétation », celles-ci se cachent au sol, « dans les débris végétaux », et « se dirigent activement vers l’animal qu’elles ont repéré ». Si elles peuvent piquer l’homme, leurs proies de prédilection sont d’abord les « petits vertébrés » pour les larves : lièvres et lapins, hérissons, oiseaux, etc. « Les adultes quant à eux ont une prédilection marquée pour les grands vertébrés : chevaux, bovins, ovins et caprins, mais aussi sangliers ou chevreuils », poursuit l’Anses.
Des « observations » laissent penser que « les adultes grimperaient sur le sabot des animaux au pâturage et se fixeraient rapidement, de façon lâche, sur la peau située à proximité immédiate de la corne. Elles ne gagneraient les sites de prédilection que plus tard, lorsque les hôtes sont immobiles ou couchés ».
Présente dans 11 départements
Originaire d’Afrique et d’Asie et introduite principalement par les oiseaux migrateurs en provenance d’Afrique, elle est présente en Corse depuis plusieurs décennies et endémique des pays méditerranéens (Maghred, péninsule ibérique, Italie, Turquie, etc.). Mais elle a fait son apparition en France continentale plus récemment, en 2015, selon l’Anses. Le transport des animaux domestiques favorise également sa propagation.
En France, sa présence est désormais confirmée dans 11 départements : Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Gard, Ardèche, Drôme, Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-Maritimes, Haute-Corse et Corse-du-Sud.
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À l’origine de sa propagation, le réchauffement climatique est l’une des hypothèses privilégiées par l’Anses : ces tiques, « régulièrement introduites par des oiseaux migrateurs » ont « peut-être fini par trouver les conditions nécessaires à l’installation de l’espèce (climat, végétation, présence des hôtes des immatures et des adultes,…), conditions qui ont pu devenir favorables suite aux changements climatiques en cours ».
« Le changement climatique est avéré comme l’un des facteurs qui favorise la circulation du virus », rappelle également une étude parue en 2023 dans la revue Emerging Infectious Diseases.
Vectrice de la fièvre du Congo
Hyalomma marginatum est l’un des vecteurs de la « fièvre hémorragique Crimée-Congo ». Jusqu’à récemment, malgré la présence avérée de tiques géantes en France, rien n’indiquait que le virus soit, lui, présent dans notre pays. Mais il a été détecté en France à deux reprises ces derniers mois. D’abord dans les Pyrénées-Orientales, fin 2023, puis en Corse, début 2024. Le virus n’a pour l’heure été repéré en France que dans des tiques géantes collectées sur des bovins. Un seul cas de fièvre hémorragique chez l’humain a été recensé dans le pays, et le patient l’avait manifestement contractée à l’étranger.
Reste que « le fait d’avoir détecté ce virus dans des tiques dans le Sud de la France suggère quand même une possibilité d’émergence de cette maladie dans les prochaines années », estimait en juin dernier la vétérinaire Laurence Vial, lors d’un point presse de l’ANRS, une agence spécialisées dans les maladies infectieuses émergentes.
Une maladie parfois mortelle
La majorité du temps, une personne infectée par la fièvre du Congo n’a pas ou peu de symptômes, ces derniers s’apparentant à syndrome grippal (fièvre, douleurs musculaires, frissons, raideurs, maux de tête) avec troubles digestifs. « Généralement, les symptômes apparaissent de façon brutale », précise Santé Publique France (SpF).
Toutefois, « dans de rares cas », elle peut provoquer « des formes graves avec des saignements incontrôlés ». Elle peut alors être mortelle dans « 5 à 30% » des cas, même si ce chiffre est à relativiser en fonction du système de santé du pays.
Aucun traitement n’a, par ailleurs, vraiment fait ses preuves contre cette maladie.
Comment s’en protéger ?
Même si le risque de transmission à l’humain est pour l’heure jugé faible sur le territoire français, les autorités sanitaires appellent déjà à des précautions de bon sens. « La principale manière de se protéger contre la fièvre hémorragique Crimée-Congo est d’éviter les piqûres de tique en adoptant les mesures de protection individuelle, au printemps et en été, dans les lieux où la tique est installée », souligne l’agence Santé publique France.
Ces précautions sont de toute façon utiles contre d’autres maladies transmises par les tiques, telles celle de Lyme.
Ainsi, dans les endroits exposés, il vaut mieux porter des chaussures et des vêtements couvrants, « de couleur claire afin de mieux repérer les tiques sur la surface du tissu » et « enfiler le pantalon dans les chaussettes ». SpF recommande aussi de « privilégier les chemins balisés » et d’« éviter de marcher au milieu des herbes, des buissons et des branches basses ». Certains répulsifs existent également même si leur efficacité reste « limitée ».
De retour de balade, pensez à examiner avec attention si une tique s’est installée sur votre peau ou celle de vos enfants, « notamment au niveau des plis de la peau sans oublier le cuir chevelu ».
En cas de piqûre, « détachez immédiatement les tiques fixées ». Pour cela, utilisez un tire-tique, une pince fine « ou à défaut vos ongles », préconise même Spf. Désinfectez ensuite et prenez la bestiole en photo. « Dans les 14 jours après la piqûre et si vous déclarez brutalement » les symptômes de la fièvre du Congo, « consultez un médecin en indiquant avoir été piqué par une tique et en lui montrant la photo ».
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