Est-ce la réalité inspire la fiction, ou l’inverse ? Derrière cette question tellement répétée qu’elle en devient ringarde, certaines oeuvres d’anticipation surprennent vraiment par leur capacité à prédire des nouveautés ou des phénomènes de société. Black Mirror, la série de science-fiction qui revient ce jeudi pour une septième saison, présente dans chaque épisode une technologie et son impact. Et en près de quinze ans d’existence, la réalité a eu le temps de rattraper la fiction (ou presque). Petit florilège des ressemblances les plus troublantes.
Les implants neuronaux
Une bonne partie des épisodes de Black Mirror tourne autour de l’idée d’avoir des implants pour capter et analyser en permanence ce que l’on voit. Ils permettent tantôt de se repasser en boucle ses souvenirs dans « The Entire History of You » ou de surveiller ses enfants et censurer les stimulis stressants dans « Arkangel » ? Cette technologie semble aujourd’hui plus proche, et plusieurs entreprises, Neuralink d’Elon Musk en tête, promettent de commercialiser un jour un implant similaire. Les premiers résultats ont permis à un Américain tétraplégique de 29 ans de déplacer un curseur d’ordinateur par la pensée. Moins impressionnant, mais il faut bien commencer quelque part.
Les IA pour reproduire de vraies personnes
C’est l’autre marotte de Black Mirror : l’intelligence artificielle. Et surtout, sa capacité à imiter des humains. Et si elle faisait revivre les morts dans un androïde (« Be Right Back ») ? Et si on pouvait mener un interrogatoire ou punir une IA (« White Christmas ») ? Les progrès dans le domaine, depuis fin 2022, ont changé la donne. Project December propose depuis 2020 à ses utilisateurs de créer un chatbot imitant la personnalité de n’importe qui. Y compris, comme rapporté plusieurs fois dans la presse anglophone, d’un proche décédé.
L’IA dans les applis de dating
L’intelligence artificielle n’est pas utilisée que dans des agents conversationnels. La technologie nourrit aussi toutes sortes d’algorithmes qui régissent les réseaux sociaux et, par extension, un peu nos vies. Dans « Hang the DJ », le principe des applications de rencontre est poussé à l’extrême, avec des matchs à durée déterminée décidés par une intelligence artificielle. Sans arriver à ce stade, l’IA s’est invité dans les apps comme Tinder ou Hinge, pour conseiller les utilisateurs dans la rédaction de leurs descriptions ou le choix de leurs photos. D’autres vont encore plus loin, comme Amata, qui propose de jouer l’entremetteur uniquement à travers une IA personnalisée.
Les robots tueurs
C’est un peu de la triche, car l’épisode « Metalhead » de Black Mirror a été inspiré par Boston Dynamics, l’entreprise américaine dont les démonstrations de robots font souvent parler d’elles. Mais voir des chiens robots pourchasser des humains nuit et jour permet de rappeler que les vidéos insolites voire mignonnes de robots à quatre pattes cachent une industrie qui se tourne vers des applications militaires. En 2021, plusieurs médis, dont l’Usine digitale, ont rapporté que l’armée française s’entraînait avec Spot, une machine quadrupède de Boston Dynamics.
Les systèmes de surveillance et de notation
C’est un autre thème récurrent de science-fiction auquel Black Mirror n’échappe pas. La surveillance de masse oblige les gens à travailler et à regarder des publicités dans « Fifteen Millions Merits », ou accorde une note qui limite l’accès à certains services dans « Nosedive ». Au-delà des nombreuses problématiques de surveillance partout dans le monde, y compris en France, le grand public pense surtout au crédit social en Chine. Si l’importance réelle de ce système est parfois exagérée, il est vrai que le pays a mis en place plusieurs systèmes publics ou privés pour noter la réputation des citoyens et des entreprises, notamment dans le secteur financier.
Un Premier ministre qui a des relations sexuelles avec un cochon
Ce n’est pas une technologie, mais c’est tellement gros qu’on ne pouvait pas ne pas le mettre. Dans le tout premier épisode de Black Mirror, « The National Anthem », diffusé en 2011, le Premier ministre britannique est victime de chantage et contraint d’avoir des relations sexuelles avec un cochon à la télévision. En 2015, le scandale « Pig gate » éclate au Royaume-Uni. Dans leur biographie de David Cameron, alors chef du gouvernement, Michael Ashcroft et Isabel Oakeshott relatent une anecdote où l’homme politique, durant ses années à Oxford, aurait mis son pénis dans la tête d’un cochon. Le créateur de la série, Charlie Brooker, a réfuté s’être inspiré d’une quelconque rumeur pour Black Mirror, mais la coïncidence reste troublante.
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