«C’est un roman pour tomber en amitié…»: la romancière Dominique Demers raconte la fin de vie d’une dame de 84 ans

Écrivaine aussi talentueuse que prolifique, Dominique Demers revient au genre dramatique cette année avec un roman émouvant qui touche des thématiques d’actualité comme la proche aidance, l’aide médicale à mourir, la résilience et le pouvoir apaisant de l’art: Debout dans l’orage. À travers le lien inattendu qui se tisse entre une chroniqueuse littéraire dans la quarantaine et une dame de 84 ans, un projet d’écriture audacieux prend forme. Il les aidera peut-être à accepter le passé.



«Debout dans l’orage»

Dominique Demers publie «Debout dans l’orage» aux Éditions Québec Amérique.


Photo fournie par ÉDITIONS QUÉBEC AMÉRIQUE

Mathilde décide sur un coup de tête d’aider Jacqueline, 84 ans, une chercheuse universitaire au parcours fascinant, mais au caractère difficile. Les deux femmes, au fil des conversations, partagent des souvenirs, bons et moins bons, et des secrets. Lentement, un processus de guérison et d’acceptation s’installe pour chacune.

«C’est un sujet grave et triste, d’une certaine façon, mais je pense que c’est un livre feel good quand même, dit l’écrivaine en entrevue. J’ai utilisé un comité de lecture assez important, et c’était la première fois que j’avais des feedbacks qui ressemblaient à Marie-Tempête. Des hommes, et des femmes qui lisent moins du roman, me disaient qu’ils trouvaient ça bon, qu’ils avaient embarqué et que, tout à coup, ils avaient éclaté en sanglots.»

«Je me dis qu’il y a quelque chose de profondément humain, qui fait partie de ce qui nous fascine, nous taraude, nous angoisse aussi, aujourd’hui.»

Soins palliatifs

Tout le roman est né d’une conversation avec un ami médecin, spécialiste en soins palliatifs. «Il me parlait du bien mourir. De comment c’est une phase importante de la vie. Il avait déjà accompagné des gens, dans son travail et dans sa vie personnelle. J’ai réalisé que, probablement, je ne vivrais jamais ça, à moins d’aller faire du bénévolat.»

«J’ai perdu trois personnes importantes, dont ma maman quand j’étais très jeune. Elle est morte d’un cancer, alors qu’on ne nous avait pas dit qu’elle était atteinte d’une maladie incurable, alors on n’a pas eu vraiment d’adieux. Mon père est mort subitement, donc on n’a pas eu d’adieux. Mon ex-mari est mort dans un accident. On n’a pas eu d’adieux. On n’était plus ensemble, mais c’était le père de mes enfants.»

Dominique a fait une grosse recherche pour écrire son roman. «Il y a la médecine, les soins palliatifs, l’éthologie, l’art, la peinture. Je me suis fait plaisir en intégrant un univers et en écrivant quelque chose que ma vie à moi ne me permettra sans doute pas d’expérimenter.»

Un roman exigeant

L’écrivaine a beaucoup aimé écrire le personnage de Jacqueline, qui lui a donné du fil à retordre. «J’avançais à pas de tortue. Ça a été un roman qui a été extrêmement exigeant, mais en même temps, immensément nourrissant pour moi.»

«Ces deux femmes-là m’ont fait du bien. J’ai appris d’elles. Leur relation d’amitié qui a évolué tout doucement, sur une courte période, m’a ramenée à plein de relations qui font partie de ma vie mais que je ne célèbre peut-être pas suffisamment.»

Pour tomber en amitié

Dominique Demers pense aussi que Debout dans l’orage est un roman pour tomber en amitié. «Il y a des romans pour tomber en amour… et je souhaite que ce soit un roman pour tomber en amitié. À l’ère Trump, qu’on se souvienne que les relations humaines, c’est ce qu’il y a de plus important. C’est ça qui rend heureux.»

L’écrivaine précise que, par les temps qui courent, la littérature devient, plus que jamais, un acte de résistance. «On décide qu’on ne veut pas juste patauger dans cet univers politique qui nous est imposé, sur lequel on a un pouvoir limité.»

Debout dans l’orage

Dominique Demers

Éditions Québec Amérique

344 pages

En librairie le 4 mars.

  • Dominique Demers a signé plus de 70 œuvres de fiction pour enfants, adolescents et adultes.
  • Elle est détentrice d’un postdoctorat en littérature jeunesse.
  • Elle a été journaliste à L’Actualité, enseignante à l’Université du Québec à Montréal, critique littéraire, scénariste de longs métrages et conteuse à la télé de Radio-Canada.
  • On lui doit récemment Tant qu’il y aura des oiseaux et l’essai Écrire pour que tout devienne possible.
  • Sa trilogie Marie-Tempête s’est vendue à plus de 150 000 exemplaires.

«Kristina m’avait expliqué que la vieille dame souffrait d’une fracture à l’humérus du bras droit et d’une sévère entorse au pied, le droit aussi, malheureusement. «Tu es le genre de femme qu’elle va apprécier», m’avait-elle assuré. Je ne savais pas grand-chose d’autre sinon que ma tâche consistait à lui fournir l’assistance que pouvait requérir sa mobilité réduite.»

–Dominique Demers, Debout dans l’orage, Éditions Québec Amérique

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