En Auvergne-Rhône-Alpes, certains territoires portent encore les traces du passage des dynasties royales et princières. Le Carladez (Cantal) par exemple était il y a plus de deux siècles une possession de la famille princière de Monaco, les Grimaldi. Découvrez son histoire.
L’Auvergne-Rhône-Alpes regorge de traces du passage des dynasties princières, ducales et comtales. Le duché de Bourgogne a par exemple constitué un des éléments essentiels de la vie historique de la région, au niveau de l’actuelle Suisse, du Dauphiné et des Alpes.
« Il y a également une maison princière qu’on oublie souvent : c’est la Principauté des Dombes, qui a été dirigée par les Bourbons jusqu’au XVIIIe siècle », explique Frédéric de Natal, journaliste spécialisé dans les monarchies internationales et ancien rédacteur en chef de la Revue Dynastie.
« Et puis vous avez de grands noms aristocratiques, notamment La Tour-du-Pin par exemple, ou encore la Motte de la Fayette qui est un grand nom de l’histoire de France puisqu’il s’agit d’un général qui a participé à la Révolution française et a joué un rôle non négligeable durant la Monarchie de juillet comme durant la Guerre d’Indépendance des Amérique », ajoute le spécialiste. La maison de La Tour-du-Pin a donné son nom à une commune française située dans le département de l’Isère.
Dans le Cantal, c’est la dynastie des Grimaldi qui marque les esprits. La famille monégasque s’est approprié une partie du territoire, le Carladez, qui comprend aujourd’hui les communes de Carlat (Cantal), Vic-sur-Cère (Cantal), Mur-de-Barrez (Aveyron) et Calvinet (Cantal).
« Il faut savoir que jusqu’au XVIIe siècle, il dépendait de la monarchie française du Royaume de France. Durant la guerre de 30 ans, Louis XIV a souhaité obtenir l’alliance d’Honoré Grimaldi III, qui était le prince héréditaire de Monaco et avait quelques possessions en Espagne », explique Frédéric de Natal.
Cette nouvelle alliance ne plaît pas du tout à Madrid qui décide de déposséder le prince monégasque de toutes ses terres dans la péninsule ibérique. Mais si Monaco perd son soutien espagnol, il remporte celui du Royaume de France.
Car en échange de son sacrifice, la monarchie française de Louis XIV lui attribue plusieurs territoires sur son sol, dont le Carladez, qui obtient le statut de principauté. Un accord est signé en 1643 afin d’officialiser cette relation, connu sous le nom de traité de Peronne.
La Révolution française arrive et ce statut interroge à l’Assemblée nationale. Que fait-on ? Est-ce qu’on se contente de le garder ou est-ce qu’on choisit de l’annexer se questionnent les députés. « Il est alors décidé d’accord de sauvegarde de la Principauté. Après tout, Louis XVI est encore roi de France ! », explique le journaliste avant d’ajouter :
Un accord qui ne dure pas bien longtemps malheureusement puisque le 10 août 1792, la monarchie tombe. Les Jacobins s’emparent du pouvoir. Il n’est plus question d’avoir un roi aux portes des frontières. Le Carladez est purement et simplement annexé.
Frédéric de Nataljournaliste spécialisé dans les monarchies internationales et ancien rédacteur en chef de la Revue Dynastie
Le Rocher de Carlat, promontoire surmonté d’une forteresse imprenable jusque-là entre les mains des Grimaldi, est alors vendu pour un prix dérisoire.
Si le Carladez est depuis la Révolution un territoire français, il maintient un fort lien avec la dynastie des Grimaldi. « Il y a quelque chose que l’on ne sait peu. Le titre de comte de Carladez a été maintenu et il est aujourd’hui l’apanage de la princesse Gabriela qui est la fille du prince Albert II », souligne Frédéric de Natal.
En effet, l’actuel prince de Monaco Albert II reste propriétaire du rocher de Carlat, un château fort situé sur la commune éponyme qui avait été racheté par son arrière-grand-père le prince Albert 1er. À la naissance de sa fille en 2014, il lui transfère donc ce titre de noblesse.
Cette même année, les 14 et 15 mai, le prince Albert II de Monaco se déplace dans le Carladez, alors qu’aucun prince ne s’était jamais rendu sur le territoire depuis près de 300 ans.
« Toutes les générations, quelles qu’elles soient, ont à un moment donné appris qu’elles dépendaient de Monaco », affirme le journaliste. « C’est un héritage qui est d’ailleurs mis en valeur par la région puisqu’il y a tout un parcours touristique autour de ce qui a été le patrimoine des Grimaldi », ajoute-t-il.
Le Rocher du Carlat, rétrocédé en 1914 à la famille Grimaldi, se visite aujourd’hui… en réalité virtuelle. « C’est une véritable manne touristique pour la région parce que c’est un type de monarchie qui est sauvegardée et qui fait toujours rêver », souligne l’expert des monarchies qui invite également à se laisser tenter par les spécialités locales, à l’instar de la truffade qui « comme son nom ne l’indique pas, n’est pas un plat composé de truffes, mais de pommes de terre et de tome ».
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